Des personnalités portugaises veulent l’arrêt de la pêche européenne
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28 personnalités de premier plan de la société portugaise demandent à leur propre gouvernement d’empêcher le renouvellement de l'accord de pêche européen dans les territoires occupés du Sahara Occidental, et de défendre le droit international, comme ce fut le cas lors de la décolonisation du Timor Oriental.

Publié 01 janvier 2010

Photo: Un pêcheur marocain en équilibre sur un petit bateau de pêche dans le port de El Aaiun (Maria Fonfara).

"Devant le refus du Maroc de répondre aux questions soulevées par la Commission européenne sur l’identité de ceux qui jouissent des bénéfice de ce qui est produit sur le territoire, les Sahraouis ont donné leur témoignage», ont déclaré les 28 personnalités portugaises dans une lettre, faisant référence au camp de protestation de 20000 sahraouis au Sahara occidental, cet automne.

« Dans ce contexte, et en accord avec le Droit International, comme il a été démontré et reconnu par les services juridiques du Parlement Européen, il ne sera pas possible de renouveler l’Accord de Pêche entre l’Union Européenne et le Maroc, lequel se trouve en phase de renégociation. Nous sollicitons au Gouvernement portugais qu’il clarifie rapidement sa position, en se basant sur les principes du Droit International » déclare le groupe.

La lettre souligne le parallèle de la participation active du Portugal dans la décolonisation de son ancienne colonie occupée du Timor oriental.

« Nous ne pouvons pas accepter que notre politique extérieure ait deux mesures opposées. Portugal a assumé un rôle essentiel dans la libération du peuple timorais et a demandé aux autres États, en ce cas, de respecter le droit international. Soyons cohérents. Appuyons tous les efforts internationaux qui conduisent à la réalisation d’un référendum d’autodétermination. C’est cette politique que nous voulons voir concrétisée par le gouvernement portugais. »

« Nous savons, en particulier par l’expérience de Timor-Leste, que les droits du peuple sahraoui ne pourront être pleinement exercés que lorsqu’il fera entendre sa voix, dans le cadre d’un acte d’autodétermination juste et libre, conduit et supervisionné internationalement » déclare le groupe.

Figurent parmi les signataires : l’écrivain José Augusto França, l'architecte Alvaro Siza Vieira, l'historien José Matoso, l’avocat Miguel Galvão Teles, la chercheuse Maria Helena Mira Mateus, la juriste Teresa Féria, le lieutenant-coronel Vasco Lourenço et syndicalistes João Proença, Manuel Carvalho da Silva et Mário Nogueira.

Téléchargez la lettre ici (en portugais).


Ci dessous traduction par l'Associação de Amizade Portugal - Sahara Ocidental, AAPSO

LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT SUR LA POSITION PORTUGAISE FACE À LA QUESTION DU SAHARA OCCIDENTAL

Monsieur le Premier Ministre
Monsieur le Ministre d’État aux Affaires Étrangères

Nous accompagnons avec douleur et indignation l’opération de répression du gouvernement du Royaume du Maroc qui s’est abattue sur la population sahraouie de El Aaiun, comme réponse au soulèvement pacifique du Camp de la Dignité de Gdeim Izik. Le fait d’avoir été précédé de mesures intentionnelles d’isolement du territoire renforce nos sentiments. Devant l’incompréhensible silence du gouvernement portugais devant de telles violations des droits de l’Homme, nous venons réclamer leur condamnation publique et claire.

Le Camp de la Dignité a voulu exprimer la protestation par les citoyens et citoyennes sahraouis, devant la discrimination continue, nommément en termes socio-économiques, dont ils sont l’objet dans leur propre territoire. Si cette réalité était déjà connue par ceux qui ont des contacts ou s’intéressent pour cette région, elle est devenue évidente pour tout le monde à travers cet acte pacifique et de courage. Devant le refus marocain de répondre aux questions posées par la Commission Européenne sur les bénéficiaires des richesses qui sont produites dans le territoire, les sahraouis ont donné leur témoignage. Dans ce contexte, et en accord avec le Droit International, comme il a été démontré et reconnu par les services juridiques du Parlement Européen, il ne sera pas possible de renouveler l’Accord de Pêche entre l’Union Européenne et le Maroc, lequel se trouve en phase de renégociation. Nous sollicitons au Gouvernement portugais qu’il clarifie rapidement sa position, en se basant sur les principes du Droit International.

Cette dernière vague de violations des Droits de l’Homme contre des citoyens sahraouis et leurs organisations ont de graves précédents. En réalité, ces violations se sont établies comme une politique et une pratique constante, favorisées par le contrôle des informations par les autorités marocaines. Il est urgent d’établir une monitorisation rigoureuse et impartiale de ces faits, et la MINURSO (United Nations Mission for the Referendum in Western Sahara), établie en 1991, peut l’assurer, comme cela se pratique dans les autres missions de paix des Nations Unies. Nous demandons au gouvernement portugais qu’il s’engage activement pour que le Conseil de Sécurité donne à la MINURSO, le plus rapidement possible, un mandat de monitorisation des Droits de l’Homme au Sahara Occidental.

Nous savons, en particulier par l’expérience de Timor-Leste, que les droits du peuple sahraoui ne pourront être pleinement exercés que lorsqu’il fera entendre sa voix, dans le cadre d’un acte d’autodétermination juste et libre, conduit et supervisé internationalement. Toutes les mesures antérieures suggérées sont nécessaires et urgentes, mais elles ne sont pas suffisantes. Une solution claire de ce conflit ouvrira de nouvelles perspectives pour le Maroc, pour la région et pour le dialogue euro-méditerranéen.

Nous ne pouvons pas accepter que notre politique extérieure ait deux mesures opposées. Portugal a assumé un rôle essentiel dans la libération du peuple timorais et a demandé aux autres États, en ce cas, de respecter le droit international. Soyons cohérents. Appuyons tous les efforts internationaux qui conduisent à la réalisation d’un référendum d’autodétermination. C’est cette politique que nous voulons voir concrétisée par le gouvernement portugais.

Lisbonne, Décembre 2010

Adelino Gomes, jornalista
Alice Vieira, escritora
Álvaro Siza Vieira, arquitecto
Ana Tostões, arquitecta
Frei Bento Domingues
Eduarda Maio, jornalista
Francisco Teixeira da Mota, advogado
Jacinto Lucas Pires, escritor
Janita Salomé, músico
João Proença, dirigente sindical
José Augusto França, ensaísta
José Luís Peixoto, escritor
José Mattoso, historiador
José Ribeiro, editor
Joaquim Azevedo, professor universitário
Luís Moita, professor universitário
Manuel Carvalho da Silva, dirigente sindical
Manuel da Costa Cabral, pintor
Mário Nogueira, dirigente sindical
Miguel Galvão Teles, advogado
Miguel Gomes, realizador de cinema
Miguel Oliveira da Silva, médico
Maria Helena Mira Mateus, investigadora
Maria João Seixas, jornalista
Paulo Sucena, dirigente sindical
Teresa Féria, jurista
Vasco Lourenço, tenente-coronel
Viriato Soromenho Marques, professor universitário
 

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