Les manifestants ciblent Ravensdown et ses achats de phosphates illégalement exploités dans la dernière colonie d'Afrique : le Sahara Occidental occupé.
Le vraquier Amoy Dream (Hong Kong, OMI : 9583615) était attendu par une vingtaine de manifestants à son arrivée au port de Lyttelton, à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 1er septembre 2019. Leur cible ? La cargaison du navire : environ 50 000 tonnes de minerai de phosphate provenant du Sahara Occidental occupé.
Les manifestants ont appelé l'importateur - Ravensdown Ltd, une coopérative d'agriculteurs - à "cesser de financer les phosphates sanglants", indique le communiqué de presse. Le représentant du mouvement de libération du Sahara Occidental en Australie et en Nouvelle-Zélande, Kamal Fadel a écrit au NZ Herald que son organisation espérait que le Premier ministre néo-zélandais montrerait "sa détermination à mettre fin au commerce du phosphate qui porte atteinte à la bonne réputation et crédibilité de la Nouvelle-Zélande dans le monde".
Les trois quarts du Sahara occidental sont occupés militairement par le Maroc depuis 1975. Les Nations Unies considèrent le pays de la taille du royaume-uni comme un territoire non autonome en attente de décolonisation. Son peuple, les Sahraouis, a le droit inaliénable à l'autodétermination.
Mais tandis que les Sahraouis sont forcés de vivre en tant que réfugiés dans le désert algérien inhospitalier ou de subir le joug de l'occupation dans leur pays d'origine, des intérêts économiques avides zyeutant les ressources naturelles du territoire ont considérablement compliqué la résolution du conflit.
Alors que le Maroc tire des profits de la vente des ressources d'une terre pour laquelle il n'a aucune revendication, son implication réelle dans les efforts de paix de l'ONU diminue de plus en plus. Les réserves de phosphate du Sahara Occidental, réputées pour leur grande qualité, sont particulièrement lucratives pour le Maroc - une qualité dont Ravensdown ne semble tout simplement pas pouvoir se passer.
En 2018, Ravensdown a acheté 215 500 tonnes de phosphate sahraoui, d’une valeur estimée à 18,32 millions de dollars. Les détails sont dans les rapports WSRW "P pour pillage"- nos rapports de synthèse annuels documentant le commerce du minerai de phosphate du Sahara Occidental au cours de l'année civile précédente. Le rapport couvrant 2018 peut être trouvé ici.
"Je pense que c'est un problème méconnu de beaucoup de Kiwis, et je pense que si davantage de Kiwis savaient, ils seraient absolument horrifiés de savoir qu'une entreprise locale soutient ce commerce", a affirmé un manifestant à Radio New Zealand.
Ravensdown est l’une des deux coopératives d’agriculteurs néo-zélandaises qui achètent leur minerai de phosphate d'un pays que les organisations internationales réputées telles que Human Rights Watch et Freedom House, considèrent comme un trou noir des droits de l’homme. Ballance Agri-Nutrients Ltd est impliquée dans le commerce litigieux depuis les années 1980. En 2017, l'Afrique du Sud a arrêté un cargo qui transportait du minerai de phosphate du Sahara Occidental pour Ballance. Dans son arrêt du 23 février 2018, la Haute Cour d'Afrique du Sud a confirmé que la République sahraouie était propriétaire de la totalité de la cargaison à bord du NM Cherry Blossom et que cette propriété n'avait jamais été légalement à l'OCP SA ou à Phosboucraa SA. qui n'avait donc pas le droit de vendre le minerai de phospahte à Ballance Agri-Nutrients. Trouvez la décision complète ici.
La manifestation au port de Lyttelton a été organisée par le collectif Ravensdown Take Em Down Otautahi. Dans le même temps, le groupe justice environnementale Otepoti prévoit d'organiser une fête de non bienvenue dans le port de Dunedin, où le Amoy Dream devrait accoster le 4 septembre 2019.
Pour la onzième année consécutive, Western Sahara Resource Watch publie un aperçu annuel détaillé des entreprises impliquées dans l'achat de phosphates de la zone en conflit du Sahara Occidental occupé.
La pression monte sur les importateurs néo-zélandais de minerai de phosphate du Sahara Occidental occupé. Le 23 juin, à Christchurch des manifestants ont installé des barrages routiers pour empêcher les camions de transporter les minéraux du territoire en conflit jusqu'à l'usine locale d'engrais Ravensdown.
Alors que d'autres entreprises à l'échelle internationale ont réussi à trouver d'autres sources de phosphate - et malgré une demande du gouvernement néo-zélandais de faire la même chose - l'industrie des engrais kiwis ne semble pas disposée à abandonner ses importations en provenance du Sahara Occidental occupé.
Un navire canadien-japonais qui a transporté du phosphate de conflit depuis le Sahara Occidental occupé a hier été accueilli par une flottille de manifestant en Nouvelle-Zélande.