Le Président du Sahara Occidental a déclaré que l'Union Européenne prolonge le conflit à travers ses activités de pêche illégales dans les eaux de son pays.
La lettre ci-dessous a été publiée dans European Voice, 10 mars 2011
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La valeur (du poisson) que l'Union Européenne accorde à la démocratie
Apparemment inconsciente de la ferveur démocratique qui balaie le Moyen-Orient et le Maghreb, l'Union européenne s’oriente vers le soutien à un autre régime autocratique et corrompu au sud de la Méditerranée, celui du roi Mohammed VI du Maroc.
Le 18 Février dernier, une majorité d'Etats membres de l'UE, dirigée par l'Espagne et la France, ont voté, contre les objections de principe de la Suède, du Danemark, de la Finlande, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, pour négocier une prolongation de l’accord de pêche en vertu duquel l'UE paye au Maroc 36 millions d’euros par an pour l'accès à la « zone de pêche marocaine ».
Ce que l'accord ne dit pas, c'est que la flotte espagnole de l'UE n'est pas principalement intéressée par les poissons du Maroc, mais plutôt par l'abondance de poissons au large des côtes de mon pays, le Sahara Occidental, qui est illégalement occupé par le Maroc depuis 1975.
Selon le droit international, l’utilisation des ressources naturelles d'un peuple occupé, sans son consentement, est interdite, et plus encore lorsque ce territoire est reconnu par les Nations Unies comme en attente de décolonisation à travers un vote sur son l'indépendance, et quand ce pays est déjà un Etat membre à part entière de l’Union Africaine. Il n'est pas surprenant, donc, que les services juridiques des Nations Unies et du Parlement Européen aient jugé cet accord de pêche illégal.
Au nom du Peuple Sahraoui, mon gouvernement a alerté le Conseil de Sécurité sur cette nouvelle transaction honteuse, soulignant que par le vol de nos poissons, l'UE est en train de saper les pourparlers des Nations Unies sur l'avenir du Sahara Occidental, que cette même Europe vise pourtant à soutenir.
Ajoutons à cela le refus affligeant de la France de permettre aux Nations Unies la surveillance des Droits de l’Homme sur la répression et les violences infligées par le régime corrompu du Maroc sur mon peuple au Sahara Occidental, et l'on vient rapidement à la conclusion que l'Union Européenne fait plus partie du problème que de la solution.
L'Union Européenne doit changer de cap dès maintenant en utilisant le sommet du 11 mars pour faire du référendum au Sahara Occidental un pilier central de sa nouvelle politique de promotion de la paix, de la démocratie et de la stabilité dans le Maghreb.
Nous demandons également que le Parlement Européen, les représentants élus du peuple européen, écoutent les conseils des juristes et rejettent l'accord de pêche lors de la nouvelle ratification dans les prochains mois. Si le Parlement prend la bonne décision, la pêche de l'UE dans les eaux du Sahara Occidental devra s'arrêter, et l'Europe pourra revenir au soutien d’une solution pacifique qui permettra l'autodétermination du Sahara Occidental, comme l'exige le Conseil de Sécurité des Nations Unies et le droit international.
Comme nos frères et sœurs en Tunisie, en Egypte, en Libye et au Bahreïn, le peuple Sahraoui désire simplement un vote afin de décider librement de son propre avenir. Cela a fonctionné au Sud-Soudan. Cela fonctionnera aussi au Sahara Occidental.
Mohamed Abdelaziz
Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique et secrétaire général du Front POLISARIO.
Bir Lehlou, Sahara Occidental
Traduction non officielle WSRW France
M. Hans Corell, ancien conseiller juridique auprès du conseil de sécurité des Nations Unies, commente les activités de pêche de l'UE au Sahara Occidental.
415 députés ont soutenu le nouvel accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l'UE et le Maroc, qui s'appliquera expressément au Sahara Occidental occupé. Découvrez ici qui ils sont.