Dans les prochains mois, l'Union Européenne aura à décider d'accepter ou non la nouvelle proposition d’accord de pêche avec le Maroc, permettant aux navires de l'UE l'accès aux eaux du Sahara Occidental. Les pêcheurs sahraouis dénoncent l'accord. « Cet accord est un acte de vol et une menace sérieuse pour l'environnement ». Lire la déclaration officielle ici.
Publié 30 août 2013
Photo: Un camion transportant des sardines de Dakhla vers le Maroc renversé près du port par les pêcheurs Sahraouis lors de manifestations de la fin du mois de mai 2013.
DÉCLARATION DES PECHEURS SAHRAOUIS DE DAKHLA SUR LE PROTOCOLE DE PÊCHE UE-MAROC
Nous, associations Nawras, Kandil et Pêcheurs sahraouis de la ville de Dakhla (Sahara Occidental) dénonçons le protocole de l'accord UE- Maroc de partenariat dans le domaine de la pêche, signé le mercredi 24 Juillet, à Rabat, qui ne soustrait pas la pratique illégale de la pêche dans les eaux sahraouies. Nous considérons qu'il s'agit d'une fraude délibérément rédigée de manière à permettre les pratiques de pêche nulles et non avenues dans les eaux sahraouies, dont les seuls propriétaires sont le peuple du Sahara Occidental.
"Cet accord ne respecte pas la légalité internationale, ne respecte pas l'état de dégradation de l'environnement de la région du fait de la surexploitation, ne respecte pas la volonté politique du peuple sahraoui, et ne respecte pas la position exprimée par l'unique représentant du peuple sahraoui reconnu par l’ONU, le Front Polisario. Nous nous demandons ce que Mme Maria Damanaki est allée faire à Rabat, à signer un accord qui permet une exploitation frauduleuse des ressources du Sahara Occidental avec un Etat qui n’a aucune souveraineté juridique sur le Sahara Occidental? N'est-ce pas un pur acte d’achat de biens volés ?
Nous considérons l’acte européen non seulement comme une violation du droit international, mais aussi comme une violation des droits humains du peuple de ce territoire, reconnu à l'article 1 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ratifié par tous les États membres de l'UE ainsi que par l'Etat marocain, dans la mesure où cet accord n’empêche pas l'exploitation de nos ressources.
L'accord ouvre la porte à une pratique illégale en violation de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ratifiée par tous les États membres de l'UE, ainsi que par l'Etat marocain. L'accord n'empêche pas les violations du droit des Nations Unies sur les territoires non autonomes dans la mesure où il ouvre la porte à la pêche frauduleuse au Sahara Occidental parce qu’il n’empêche pas la pratique marocaine bien connue de demander aux investisseurs étrangers de s’installer sur notre terre occupée. Le présent Accord ne prend pas en considération les pratiques de corruption concernant les activités de pêche au Sahara Occidental. Cet accord n’offre aucune véritable garantie que l'argent des citoyens européens profitera au peuples marocain et sahraoui, et non à l'élite dirigeante marocaine.
Nous condamnons également la position du gouvernement espagnol, qui ne cache pas son intention d'appliquer cet accord aux eaux du Sahara Occidental. La situation économique et la crise en Espagne sont utilisées comme un argument cynique pour prétendre que cet accord va aider l'économie espagnole, malgré que cet accord offre plus de possibilités d'emploi à la population marocaine qu’espagnol. Cette position de l'Espagne est une violation du contenu économique de notre droit à l'autodétermination, et fait suite à sa violation de notre droit politique à l'autodétermination par l’illégal "Accord de Madrid" de 1975 et à sa tolérance sur les violations massives des droits humains perpétrées par le Royaume du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental suite de son invasion.
Nous demandons à tous les acteurs internationaux, et spécialement les Etats membres de l'UE, le Parlement Européen et tous ses groupes parlementaires sans distinction, de rester ferme face à ce nouvel acte déshonorant d'irrespect de la loi énoncée dans le Traité de l'Union Européenne, ainsi que des droits internationalement reconnus du peuple sahraoui, ses sentiments et sa dignité. Nous demandons à la communauté internationale, et spécialement aux gouvernements des États membres de l'UE et au Parlement Européen d’écouter la voix du peuple sahraoui - exprimée au risque d’emprisonnement et des tortures - protester contre ce pillage systématique et honteux de leurs ressources de pêche, phosphate, sable, terre, de leur culture et de l’avenir de leurs jeunes générations.
Le nouveau protocole est une porte ouverte au vol des richesses du peuple sahraoui ainsi qu’une sérieuse menace pour l'environnement en raison de l’augmentation du nombre de bateaux autorisés à piller de plus en plus de ressources halieutiques au Sahara Occidental.
Pour finir, nous attirons l'attention de tous les consommateurs européens, ainsi que les autorités européennes sur le fait qu’ils sont systématiquement trompés parce que plus de 60% des produits étiquetés « Maroc » proviennent effectivement du territoire occupé de cette dernière colonie en Afrique.