Les prix des phosphates montent en flèche
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Les prix des phosphates ont été multipliés presque par huit pendant les derniers 14 mois. Le revenu annuel généré par les mines de phosphates situées au Sahara Occidental occupé approche les 1,2 milliards $US.
Publié 06 juin 2008


Pendant de nombreuses années, la tonne de minerai de phosphates valait environ 50 à 60 dollars sur le marché international. A la suite d’une demande mondiale en rapide augmentation, celle-ci approche maintenant les 400 dollars.

En mai 2008, la banque centrale marocaine, Bank Al-Maghrib, dans son premier rapport trimestriel sur la conjoncture économique, monétaire et financière du Royaume du Maroc, a publié une analyse des prix internationaux des phosphates et de ses effets sur la balance commerciale marocaine.

Voir le rapport ici, lire page 12.

Dans le graphique de la page 12 la ligne rouge, « phosphate brut », correspond au minerai brut. C’est ce type de phosphates qui est exportée du Sahara Occidental occupé.

Aux prix actuels du phosphate, cela signifie que le gouvernement marocain engrange environ 1,2 milliard de dollars annuellement grâce à l’exploitation illégale dans les territoires occupés. Ces trois dernières années, la production annuelle de la mine de Bou-Craa a été d’environ trois millions de tonnes.

Le commerce est hautement amoral, d'autant qu'il renforce l'occupation illégale du Sahara Occidental. Selon l'ONU, un tel commerce est illégal. Les autochtones Sahraouis n'en bénéficient pas, mais souffrent des violations graves de leurs droits humains perpétrées par ce même gouvernement qui vole leurs richesses minérales.

Si l’on considère les prix actuels par rapport au volume total de phosphate exporté par le Maroc à partir du Sahara Occidental occupé depuis le début de l’occupation en 1975, la somme totale perdue par le peuple sahraoui pourrait atteindre les 25,6 milliards de dollars (pour une production annuelle moyenne de 2 millions de tonnes).

Le rapport de Bank Al-Maghrib estime que les exportations totales du Royaume du Maroc pendant le premier trimestre 2008 ont augmenté de 7,7%. « La hausse des exportations est attribuable presque exclusivement à l’expansion de 42,5% ou 2 milliards de dirhams des ventes de phosphates et dérivés », lit-on dans ce rapport.



Selon MAGHREB CONFIDENTIAL - 20/03/2008:
« Rabat - L'OCP double ses prix !
Les prix des matières premières explosent leurs records, y compris le phosphate dont le Maroc est l'un des principaux producteurs dans le monde. Selon des opérateurs dans ce secteur, comme l’américain Legend International Holdings, l’Office chérifien des phosphates est en train de négocier ses prix de vente pour 2008 et demande 350-400 $US la tonne FOB (en gros), soit 100% de plus que le tarif de 2007. »

L’article ci-dessous de L’Economiste du 4 avril 2008 attribue l’augmentation du prix à la forte demande de l’Inde et de la Chine.

L’Economiste
04.04.2008
"Phosphates: Nouveau cycle des prix, expansion des exportations de l’OCP.
Les cours des engrais passés du simple au double en un an et d’importantes plus-values en perspective Nouveau cycle des prix chez les phosphatiers. Pendant plus de 30 ans, les prix des phosphates ont évolué dans une même strate. Aujourd’hui, et à l’instar de la flambée des cours des matières premières, le phosphate passe à un nouveau palier. En effet, depuis quelques mois seulement, le cours mondial des phosphates est devenu des plus rémunérateurs. A tel point que pour certains produits, les prix ont été multipliés parfois par 2, voire 3. Une évolution des prix qui s’explique en partie par la forte demande de pays comme l’Inde, la Chine… le renchérissement de produits agricoles, la demande croissante en engrais. Fort de son positionnement mondial (leadership à l’export), le groupe OCP enregistre de grosses commandes. En l’espace de quelques mois seulement, le volume des exportations a considérablement évolué. La part des ventes du groupe dans le total des exportations a atteint, durant les deux premiers mois seulement de l’année en cours, 20,1% contre 12,9% une année auparavant. Il faut relever au passage qu’au titre de janvier et février 2008, la valeur des exportations des phosphates et dérivés a réalisé une variation de 67,3% comparée à la même période de l’an dernier (passant de 2,5 milliards à près de 4,2 milliards de DH). Une performance attribuée principalement aux exportations d’engrais naturels et chimiques ainsi que celles de l’acide phosphorique. En un an seulement, la roche phosphate Fob (free on board)/Casablanca est passée de 41 à 49 dollars en 2007 à 175, voire 205 dollars début 2008. Il en est de même pour les engrais, dont les cours sont passés du simple au double en un an. Les prix départ Floride étaient, pour rappel, de 255 à 260 dollars début 2007. En janvier 2008, ils sont passés à 675, voire 765 dollars, soit deux fois et demi le prix en un an seulement. Et la tendance est encore à la hausse! Si les livraisons explosent, c’est sans doute aussi en raison d’anticipations d’achats liés à la hausse des prix. A l’origine de cette évolution, un redressement notable des cours en raison d’un fort resserrement du bilan de l’offre et de la demande et ce, à l’instar de la quasi-totalité des autres commodités. L’augmentation des cours des phosphates est favorisée par le renchérissement des produits agricoles, qui demandent une utilisation de plus en plus importante d’engrais. Une demande croissante et soutenue compte tenu non seulement des besoins agricoles traditionnels, mais aussi en raison de l’amélioration des niveaux de vie et mode de consommation de pays asiatiques (l’Inde et la Chine en l’occurrence) et de l’Amérique latine. Des pays traditionnellement consommateurs de riz mais qui sont devenus de grands inconditionnels de viandes et de céréales. Or, tout est lié: qui dit viandes, dit besoins en fourrages et par ricochet besoins importants en engrais. A la pression liée à l’agriculture, s’y ajoute une autre générée par la production des biocarburants. Il faut signaler à ce niveau le développement à grande échelle de cultures destinées à la production de biocarburants. Ce qui a considérablement contribué à la baisse des stocks de céréales, lesquels s’établissent aujourd’hui à des seuils critiques sur le plan de la sécurité alimentaire."

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