Deux mois après que le gaz d'un terminal situé en Suède a été exporté vers le Sahara Occidental occupé, la compagnie autrichienne à l'origine de l'expédition de la cargaison promet que cela ne se reproduira plus.
"[Conformément à notre engagement total envers des chaînes et une éthique responsables, nous ferons à l'avenir des efforts raisonnables pour demander explicitement au client de s'abstenir de fournir nos produits dans un port du territoire du Sahara Occidental, même si cela est légalement admis", a écrit le 26 mai 2020 M. Alfred Stern, PDG de la société chimique autrichienne Borealis, à Western Sahara Resource Watch.
La déclaration fait suite à la révélation du transport par navire de gaz GPL de l'usine Borealis de Stenungsund, en Suède vers le Sahara Occidental occupé.
La cargaison controversée est arrivée dans le territoire occupé le 22 mars 2020, à bord du pétrolier Emmanuel (IMO 9580182). Selon nos informations, le navire a chargé la cargaison lors d'une escale de 27 heures au quai Borealis AB à Stenungsund, de la fin de l'après-midi du 13 mars au soir du 14 mars.
Borealis précise maintenant que la cargaison a été exportée vers un client au Royaume-Uni et qu'elle "n'avait aucune information sur le port de destination finale, car c'est une pratique courante dans notre entreprise".
La société est l'une des plus grandes d'Autriche, avec un siège à Vienne, en Autriche, et 6 900 personnes employées dans plus de 120 pays dans le monde.
La clarification de Borealis suit d'une semaine seulement celle de la société norvégienne Equinor qui a exprimé ses regrets concernant l'exportation de gaz de la Norvège vers le territoire occupé, promettant que cela ne se reproduirait plus. On ne sait pas quelle entreprise avait initialement produit le gaz exporté de Stenungsund.
La déclaration de Borealis répond à un courrier que trois associations de la société civile ont envoyé le 12 mai 2020 au siège de la société en Autriche. Courrier signé par Österreichisch Saharauische Gesellschaft, Emmaüs Stockholm et Western Sahara Resource Watch (WSRW).
"En fournissant du gaz aux intérêts marocains au Sahara Occidental, Borealis a contribué à consolider la position du Maroc dans le conflit, car il approvisionne les industries marocaines critiques sur le terrain", ont écrit les trois associations.
Maintenant, le ton est différent.
"Nous saluons la réponse claire de Borealis à notre inquiétude et sa promesse de ne pas effectuer de telles exportations à l'avenir. Borealis et Equinor donnent ensemble un bon exemple pour cette industrie. Nous appelons en particulier la compagnie maritime suédoise Wisby Tankers à suivre cette voie, et arrêter tous les transports de produits pétroliers des raffineries espagnoles vers le territoire occupé. Cette industrie alimente la brutale occupation marocaine", a déclaré Karin Scheele, présidente de l'Österreichisch Saharauisuis Gesellschaft.
Scheele est une ancienne députée au Parlement européen, où elle dirigeait l'intergroupe du Parlement européen pour le Sahara Occidental.
Elle a souligné que l'allégation selon laquelle l'exportation vers le Sahara Occidental "est légalement admise" peut être mise en doute. En vertu du droit international, les entreprises et les gouvernements devraient obtenir l'autorisation des autorités compétentes du territoire pour que cela soit légal. Le Maroc, en tant que puissance occupante, n'est pas une autorité compétente.
La Suède est connue pour soutenir l'autodétermination sahraouie, mais ses actes et ses investissements suivent-ils sa parole ? Consultez notre nouveau rapport sur l'implication de la Suède dans le prélèvement des ressources naturelles du Sahara occidental occupées.
La société suédoise Wisby Tankers AB est leader dans un métier controversé : fournisseur de produits pétroliers pour le Sahara Occidental.
Pour la première fois, le Portugal est le plus grand exportateur de produits gaziers vers le Sahara Occidental occupé.