Aussi longtemps que le gouvernement marocain nie le rôle central des ressources dans le conflit sur le Sahara Occidental, et suggère que la zone est vide de ressources naturelles, il ne devrait pas objecter au placement de ses ressources sous administration de l’ONU, écrit Western Sahara Resource Watch.
Illustration: le programme d’exploration pétrolier du gouvernement marocain au Sahara Occidental continue malgré l’avis juridique de l’ONU de 2002.Dans un éditorial
bien placé du New York Times du 30 juin 2010, Nicholas D. Kristof critique l’occupation des territoires palestiniens par Israël.
Il ajoute : "Il est juste de reconnaître qu'il y a deux poids deux mesures dans le Moyen-Orient, avec une attention particulière sur les violations israéliennes. Après tout, le plus grand vol de terres arabes dans le Moyen-Orient n'a rien à voir avec les Palestiniens : c’est le vol par le Maroc du Sahara occidental et ses riches ressources au peuple qui vit là-bas."
Cela a entraîné les protestations de l’ambassadeur marocain auprès du journal et révélé les inventions de son gouvernement sur des histoires et des faits sur le terrain. Dans une réponse au journal, l'ambassadeur a affirmé que le territoire avait toujours été une partie du Maroc et avait été récupéré de l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, par l’accord de Madrid en 1975.
L'ambassadeur a affirmé que "le Maroc a fait des investissements considérables dans la région, qui n'est pas «riches en ressources » et dont les habitants seraient sinon incapable de subvenir à leur besoin fondamentaux. Le gouvernement a investi plus de 4 milliards de dollars depuis 1976, alors que presque rien n'a été généré de l'utilisation des ressources de la région ".
Mais tout cela est inexact. Le territoire du Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc, et ne l’a jamais fait. Le Sahara occidental est toujours considéré par l’ONU comme le dernier territoire colonial non résolu d'Afrique.
La Cour Internationale de Justice dans son Avis consultatif sur le Sahara occidental de 1975, a conclu qu'il ne pouvait établir aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara Occidental et le Royaume du Maroc. Par conséquent, la Cour a déclaré applicable le "principe de l'autodétermination grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des peuples du territoire ". (Rapport de la CIJ, 1975, p.68, § 162). L'occupation marocaine a été condamnée par l'ONU, et aucun état n’a reconnu les revendications marocaines.
Puisque le Sahara occidental est toujours sur la Liste des colonies pour les Nations Unies - ou Territoires Non Autonomes – des règles spécifiques s’appliquent aux activités sur les ressources naturelles du territoire. Comme établi avec beaucoup de clarté par l’avis juridique de l'ONU en 2002 : « si des activités de prospection et d’exploitation devaient être entreprises au mépris des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara occidental, elles contreviendraient aux principes de droit international applicables aux activités touchant aux ressources minérales des territoires non autonomes. » (Avis juridique des Nations Unies, S/2002/161, § 25)
Ce même avis juridique des Nations Unies réaffirme la nullité de l'Accord de Madrid en 1975, auquel l'ambassadeur du Maroc renvoie pour soutenir l’invasion par le Maroc. L'avis juridique a déclaré que le droit sur les terres et les ressources relève de la décision des Sahraouis – non au gouvernement marocain.
Western Sahara Resource Watch a parfaitement documenté comment le Maroc gagne des milliards de dollars par an sur son pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental, quand la population locale du territoire ne reçoit rien. L'ambassadeur Marocain a déclaré au New York Times que son gouvernement a investi 4 milliards de dollars sur le territoire. Si c'est exact, c’est égal en fait au bénéfice que le gouvernement a fait des exportations de phosphate du territoire depuis environ cinq ans. Quand le prix du phosphate a culminé à près de 500 dollars par tonne en 2008, la production de la mine de phosphate de Bou Craa au Sahara Occidental a été de près de 4 millions de tonnes. Le gouvernement marocain sait probablement comment multiplier ces deux chiffres.
En raison du rôle central que les ressources jouent aujourd'hui dans le conflit, notre organisation a suggéré que le Conseil de sécurité mette en place un mécanisme destiné à placer le produit de l'exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental sous administration internationale jusqu'à ce que le statut du territoire ait été résolu. Cela a été fait avec d'autres territoires occupés et coloniaux par le passé.
Si le gouvernement marocain est persuadé que le Sahara occidental ne peut être considéré comme « Riche en ressources », tel que l'ambassadeur le prétend de façon intéressante, nous nous attendons à ce que le Maroc ne fasse aucune difficulté à accepter un tel mécanisme.