Lors du sommet des affaires mis en place au Sahara Occidental occupé par la Chambre française de commerce et d'industrie au Maroc (CFCIM), les entreprises françaises pourraient signer des contrats sur place - "les exposant à un risque de préjudice financier et d'atteinte à la réputation", a déclaré WSRW.
Ci-dessus: CFCIM promeut activement les possibilités commerciales françaises dans la partie du Sahara Occidental actuellement occupée illégalement par le Maroc.
Au cours du week-end dernier, les 3 et 4 novembre 2018, la Chambre française de commerce et d'industrie au Maroc (CFCIM) a organisé, en partenariat avec les autorités marocaines, un sommet des entreprises visant à promouvoir les investissements et les opportunités commerciales au Sahara Occidental occupé.
Par le passé, l’événement avait été organisé à Paris ou à Casablanca, au Maroc. Le sommet de deux jours de cette année a eu lieu à El Aaiun (Laayoune), capitale du Sahara Occidental occupé, alors même qu’il était annoncé qu’il se situerait dans le "pays" du Maroc.
Sur le site du forum (ou téléchargez ici) Laayoune - Sakia El Hamra est décrite comme une région dynamique et dynamique du Maroc ainsi qu'un "futur pôle africain de relations avec l'Europe". Au cours du week-end, les participants ont eu un aperçu des "opportunités d'investissement" et ont été en mesure de signer sur place des contrats de partenariat et commerciaux.
"On peut se demander si la Chambre de commerce a à coeur les intérêts des entreprises françaises", a déclaré Sylvia Valentin de Western Sahara Resource Watch. "Le commerce au Sahara Occidental comporte des risques sérieux, allant de dommages financiers et de réputation, à des procédures judiciaires onéreuses."
Le forum a eu lieu quelques mois après que la Cour de justice de l'Union européenne ait rendu sa troisième décision consécutive rappelant clairement que les territoires du Sahara Occidental et du Maroc sont "distincts"; et deux semaines seulement après que les avocats du Front Polisario ont engagé des actions en justice contre six sociétés françaises opérant actuellement dans le territoire occupé. Ces sociétés sont poursuivies pour le crime de "colonisation", classé parmi les crimes de guerre de droit français, pour lequel le procureur général à Paris est compétent.
La Chambre de commerce française a installé une délégation à El Aaiun en 2017. Son président, M. Philippe-Edern Klein, a récemment rencontré la mission d'enquête de la commission du commerce international du Parlement européen, chargée d'évaluer la situation sur le terrain en Europe en vue de l'extension proposée de l'accord commercial UE-Maroc à la partie occupée du Sahara Occidental. M. Klein - qui s'est vu accorder plus de temps pour parler à la mission que n'importe laquelle des organisations sahraouies installées sur le territoire - se déclare favorable à l'accord commercial controversé et aurait indiqué que "selon lui, pour que la question politique de la souveraineté soit résolue, il fallait d'abord que le développement économique se fasse sur le territoire, cela aurait déjà permis de trouver une réponse politique".
La Chambre s'emploie activement à promouvoir les entreprises françaises dans le territoire occupé. Voir par exemple cette promotion 2018 de l'aquaculture.
Vingt-trois sociétés françaises auraient participé au Forum, dont Jean-Pascal Darriet, directeur général de Lydec, filiale de la multinationale française Suez, et Thierry Grosso, directeur de Phénicia Conseil, une société de recrutement internationale basée dans sept pays africains.
Outre les décisions claires de la Cour de justice de l'UE, l'ONU a adopté des déclarations fermes sur des situations juridiques similaires. La résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la Namibie (A / RES / 40/52) stipulait que "toute Puissance administrante ou occupante qui prive les peuples coloniaux de l'exercice de leurs droits légitimes sur leurs ressources naturelles ou fait passer des intérêts économiques et financiers étrangers avant les droits et intérêts de ces peuples viole les obligations solennelles qui lui incombent en vertu de la Charte de Nations Unies".
Parmi les nombreuses possibilités de réseautage et de conclusion de contrats, le programme du forum des entreprises comprenait une visite de Phosboucraa, filiale à 100% de la société de production de phosphate du Maroc, OCP SA, qui est au cœur du pillage illégal de phosphate au Maroc. Les transferts depuis et vers les hôtels, les aéroports et les sites de visite sont indiqués dans le programme afin de garantir une expérience contrôlée et surveillée par les organisateurs.
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