Des changements pourraient bientôt se produire dans la propriété d'un bloc pétrolier controversé au Sahara Occidental occupé. Nouvel acteur la compagnie canadienne Wolverine Energy and Infrastructure.
PetroMaroc, qui détient une participation mineure dans le bloc pétrolier de Zag, dans la partie nord du Sahara Occidental occupé, pourrait bientôt être acquis par une autre société canadienne, Wolverine Energy and Infrastructure.
Ces derniers mois, PetroMaroc a communiqué cette information de la prise de contrôle à venir dans plusieurs documents destinées aux autorités canadiennes et sur son site web, par exemple dans un communiqué de presse du 28 novembre 2018. La décision finale concernant l'acquisition est prévue lors d'une réunion le 17 décembre 2018. Pour être effective, les deux tiers des actionnaires doivent accepter l'offre.
Wolverine, basé à Calgary, se présente comme une "société de géotechnique tous services" qui fournit "des services de consultation diversifiés en géologie et en ingénierie aux sociétés situées en amont et dans la filière des industries du pétrole et du gaz, de la pétrochimie et de l'extraction". Aucune information n'est disponible à ce sujet sur le site Web de Wolverine.
"Nous appelons Wolverine à ne pas conclure cette acquisition", a déclaré Erik Hagen de Western Sahara Resource Watch.
"PetroMaroc a certainement dit à Wolverine que les licences étaient situées au Maroc. C’est pourtant un mensonge. Le bloc de Zag est situé principalement dans un territoire occupé, en dehors des frontières internationales du Maroc. Wolverine doit savoir quel risque il prend. Nous invitons les responsables de Wolverine à étudier les cartes, le droit international applicable et les actions en justice engagées par les représentants du peuple sahraoui. Si PetroMaroc a expliqué à Wolverine ce qu’il présente dans ses rapports de société, PetroMaroc n’a pas révélé les informations les plus importantes", a déclaré Hagen.
PetroMaroc qualifie systématiquement le territoire de "Maroc", ce qui n'est pas correct. En 2011, PetroMaroc (ou «Longreach» comme il s'appelait à l'époque) et l'opérateur San Leon, ont trompé une société britannique de services sismiques, Spectrum, pour qu'elle analyse les données du bloc.
"Nous ne voulons pas être impliqués au Sahara Occidental. Je n'ai pas de problème à déclarer, rétrospectivement, que cela aurait pu être une mauvaise idée de prendre cette mission", a déclaré le PDG de la société, soulignant que ses collègues n'avaient pas su que l'accord portait sur des données provenant de territoires occupés. D'autres entreprises ont été leurrées par de fausses localisations faites par d'autres petits opérateurs pour des licences situées hors des frontières internationales du Maroc.
Tous les documents relatifs à la vente d’actions (comme celui de droite) prétendent que la licence de Zag est au "Maroc".
Le représentant reconnu du Sahara Occidental auprès des Nations Unies s'est montré disposé et apte à poursuivre en justice des entreprises privées et l'Union Européenne pour violation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
L’opérateur du bloc Zag, l’entreprise irlandaise/britannique San Leon Energy, a fait la une le mois dernier (voir l’article dans Forbes) quand l’organisation irlandaise GLAN les a signalés au bureau national de l’OCDE en Irlande pour violation des principes directeurs de l’OCDE pour les entreprises multinationales. Comme San Leon n’a jamais demandé l’assentiment du peuple du Sahara Occidental au sujet de la licence pétrolière susmentionnée, la société n’a pas respecté son droit à l’autodétermination, et par là n'a pas respecté les articles sur les droits de l'Hommes des principes directeurs de l’OCDE, a expliqué GLAN à l'institution irlandaise.
Plusieurs séries d'études sismiques ont été entreprises sur le bloc controversé de Zag. Toutefois, l'opération n'a pas progressé aussi rapidement que le souhaitaient les autorités marocaines. L'ONHYM, la compagnie nationale marocaine qui a délivré les licences, a imposé une amende à l’opérateur San Leon pour ne pas avoir respecté les obligations contractuelles d’exploration. Ce conflit dure depuis un certain temps et l'ONHYM a infligé une sanction à San Leon/PetroMaroc. Le différend n'est pas réglé.
"La société a informé ONHYM qu’un "cas de force majeure" s’est produite pour l’accord pétrolier en raison de difficultés financières, commerciales et opérationnelles relatives à la licence sur plusieurs années", a déclaré PetroMaroc dans un document déposé auprès de Jersey Financial and Services Commission le 19 avril 2017. San Leon Energy, l’opérateur, a imputé le manque de progrès à la "situation de la sécurité régionale".
PetroMaroc est enregistré depuis plusieurs années simultanément à Jersey et au Canada. Le 29 août, la société enregistrée au Canada a changé de nom pour passer de PetroMaroc Corporation Plc à PetroMaroc Corporation. (Voir également cette notification de changement de nom.) Le même jour, PetroMaroc Corporation a été enregistrée en tant que société dans le registre fédéral canadien des sociétés. Une semaine plus tard, le 5 septembre 2018, PetroMaroc Corporation Plc, qui avait été enregistrée à Jersey, a déposé un avis de radiation de l'enregistrement auprès de la Commission financière et des services de Jersey - ou "certificat de prorogation d'une société de Jersey à l'étranger".
Les administrateurs de la nouvelle société inscrite au registre canadien sont les mêmes que sur son site Web : Dennis Sharp, G. Michael Hobart et Nicholas O. Bridgestock.
Des changements de propriétaires pourraient également avoir lieu dans la société San Leon Energy. San Leon a souffert financièrement et, en 2016 et 2017, deux groupes chinois différents ont envisagé de reprendre la petite entreprise, sans que cela se concrétise.
PetroMaroc est présent sur le bloc controversé depuis plus de dix ans. Auparavant, la société s'appelait LongReach Oil & Gas et, avant cela, GB Oil & Gas Ventures.
Mise à jour, 09.12.2018 : WSRW a envoyé aujourd'hui un courrier a Wolverine.
Une déclaration de PetroMaroc déposée le 21 septembre 2018 indique ce qui suit concernant la direction de Wolverine :
Mr. Douglas is the founder, controlling shareholder, director, President and Chief Executive Officer of Wolverine. He will continue to serve as the President and Chief Executive Officer of Wolverine on the completion of the Transaction. Since 2013, he has grown Wolverine in every year of its operations, despite significant economic headwinds in Western Canada. Mr. Douglas has a wealth of expertise in acquiring and integrating accretive businesses and is passionate about entrepreneurship. Prior to founding Wolverine, Mr. Douglas studied business at the University of Alberta and served in executive positions in Alberta-based construction firms.
Mr. Sharp will serve as non-executive Chair of the board of directors of Wolverine on the completion of the Transaction. Mr. Sharp is a Professional Engineer who earned a degree in Geological Engineering from Queen's University. During the past 50 years, Mr. Sharp has served in a variety of executive capacities in the private and public energy sectors including: Chairman and Chief Executive Officer of UTS Energy Corporation, CS Resources, Command Drilling; as a director of EnCana Corporation, PanCanadian Petroleum, Azure Dynamics; and as a director of many non-profit organizations, including The Calgary Philharmonic Orchestra, McGill Chamber Orchestra and Centaur Theatre Productions. In addition to serving on national and international technical committees, Mr. Sharp has published extensively. Mr. Sharp has served the industry as Chairman of the Canadian Association of Petroleum Producers and in 1997 was honoured as one of Canada's "Master Entrepreneurs".
Mr. LePoole is the President of Diversity Technologies Corporation ("Di-Corp"), a role he has held since 2011 and is a current director of the Petroleum Services Association of Canada. Mr. LePoole will serve as an independent director of Wolverine. Prior to his current role with Wolverine, Mr. LePoole held the roles of both Vice President of Marketing and Vice President of Operations of Di-Corp. Mr. LePoole has a Bachelor of Arts (Economics) from the University of Alberta and an MBA from the University of Southern California.
[...]
Mr. John Carvalho is Chief Financial Officer, Chief Investment Officer and Corporate Secretary of Wolverine. Mr. Carvalho is also the President of Stone Oak Capital Inc., a boutique mergers and acquisition advisory firm in Western Canada. Prior to Stone Oak Capital Inc., Mr. Carvalho was Director and Vice President, Financial Advisory (Valuations and Corporate Finance) at Deloitte LLP. Mr. Carvalho holds the Corporate Finance designation from the Canadian Institute of Chartered Accountants, is a Chartered Business Valuator under the Canadian Institute of Chartered Business
Valuators, and is a Chartered Professional Accountant (CPA Alberta).
Mr. Rick Quigley is the Chief Operating Officer of Wolverine. Mr. Quigley served as Chief Executive Officer of Petrowest Corporation from October 2010 to May 2017. Prior to this role, Mr. Quigley served as the Co-Chief Operating Officer of Petrowest Energy Services General Partner Ltd. Mr. Quigley started in the construction industry in 1987, owning and operating Quigley Contracting, based in Fort St. John, British Columbia.
L'étude San Leon Energy / PetroMaroc sur le bloc Zag au Sahara Occidental occupé est retardée et ses partenaires sont pénalisés par les autorités marocaines. L'avenir de PetroMaroc est suspendu à un fil.
"Je n'ai aucun problème en affirmant, rétrospectivement, que cela aurait été une mauvaise idée de prendre cette mission", a déclaré aux médias le PDG de la compagnie d’études sismiques Spectrum ASA. Maintenant, l’explorateur pétrolier Irlandais San Leon va devoir trouver un autre sous-traitant pour traiter les données géologiques qu'il collecte dans les territoires occupés, en violation du droit international.
Depuis 50 jours, six citoyens sahraouis habitant Guelmim sont en grève de la faim pour dénoncer l’exploitation illégale par le Maroc des ressources naturelles sahraouies. Leur état de santé est alarmant.