Siemens esquive les questions sur le consentement sahraoui

Pourquoi Siemens ne cherche pas le consentement des Sahraouis pour opérer sur leurs terres ? Lors de l'assemblée annuelle des actionnaires de la Compagnie, elle n'y a pas répondu.

Publié 13 février 2017

Western Sahara Resource Watch était présent à l'assemblée annuelle des actionnaires de Siemens, à Munich le 1er février 2017.

WSRW a demandé si Siemens avait pris la peine de demander le consentement du peuple sahraoui. Le PDG de la société, Joe Kaeser, n'a pas répondu à la question. Retrouvez ci-dessous le commentaire du PDG de Siemens en allemand (avec notre traduction en anglais), ainsi que la déclaration faite par Western Sahara Resource Watch lors de la réunion.

Le PDG, Joe Kaeser : 
Uns ist das Thema und der umstrittene Status der Westsahara bekannt und wir gehen damit auch sehr sensibel um was die Rechtmässigkeit der Aktivitäten angeht. Wir haben das sehr sehr intensiv geprüft. 
(00:15) Wir haben den Rat von anerkannten Experten und unabhängigen Rechtsberatern eingeholt. Wir sind der Auffassung auf der Basis dieser Erkundungen, die wie gesagt sehr intensiv waren, dass wir nach anwendbarem Recht hier zulässig diese Projekte auch machen.
(00:34) Wir sind natürlich auch der Auffassung, dass das Recht auf Selbstbestimmung der Völker natürlich gilt und dass das Völkerrecht gilt. Allerdings, wie gesagt, wir haben das geprüft. 
(00:43) Wir unterstützen auch die Position der deutschen Bundesregierung, die die Hoffnung geäussert hat, dass man hier eine friedliche und insbesondere auch einvernehmliche Lösung der ausstehenden Fragen im Bezug auf die Westsahara und deren Unterstützung durch die Vereinten Nationen hat. Wir begrüssen das ausdrücklich. 
(01:03) Ich meine, schauen Sie, wenn wir dort Windparks errichten, erneuerbare Energie, am effizientesten überhaupt auf der ganzen Welt erzeugen, mit etwa drei Cent pro Kilowattstunde, das ist Weltklasse, (01:20) dann hat ja eigentlich jeder was davon und es wäre schade, wenn man sich dort nicht durchringen könnte, dass die Menschen auf allen Gebieten dieses Landes davon profitieren. 
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La question du Sahara Occidental et son statut contesté est bien connue pour nous et nous nous occupons de la légalité des activités s'y déroulant d'une manière attentive. Nous avons examiné cela très précisément.
(0h15) Nous avons obtenu des conseils d'experts reconnus et des conseillers juridiques indépendants. Sur la base de ces enquêtes - qui étaient, comme je l'ai dit, très approfondies - notre opinion est que nous réalisons ces projets conformément au droit applicable.
(00:34) Bien sûr, notre opinion est également que le droit à l'autodétermination des peuples est valable, que le droit international s'applique. Toutefois, comme déjà dit, nous avons vérifié cela.
(0h43) Nous soutenons également la position du gouvernement fédéral allemand qui a exprimé l'espoir de parvenir à une paix et en particulier une solution mutuelle sur les questions ouvertes concernant le Sahara Occidental et son soutien des Nations Unies. Nous saluons explicitement cela.
(01:03) Je veux dire, voyez, si nous construisons des parcs éoliens là, d'énergies renouvelables, les plus efficaces dans le monde entier, environ 3 centimes par kilowatt, c'est de classe mondiale,
(01:20), et en fait tout le monde en bénéficie et il serait dommage si l'on ne parvient finalement pas à le rendre rentable pour les personnes dans toutes les régions de ce pays.


Le discours ci-dessous a été donné par Western Sahara Resource Watch :
Depuis quatre décennies, le Maroc maintient le territoire du Sahara Occidental sous occupation étrangère.
Aucun État au monde ne reconnaît la revendication du Maroc au Sahara Occidental. L'ONU a condamné l'invasion du Maroc. La Cour internationale de Justice a déclaré que le Maroc n'a aucun droit sur cette terre.
La moitié du peuple du territoire a fui devant l'invasion. Plus d'une centaine de résolutions de l'ONU réclament le droit à l'autodétermination pour le peuple du Sahara Occidental.
Siemens semble ne se soucie pas des droits du peuple du Sahara Occidental. Siemens signe des accords pour la construction d'éoliennes au Sahara Occidental avec le mauvais gouvernement - celui du Maroc. Son partenaire d'affaires est la propriété de la famille royale au Maroc.
Notre association a maintes fois demandé à Siemens ce qu'il a fait pour obtenir le consentement du peuple du Sahara Occidental - pour l'utilisation sur leurs terres.
Siemens n'a jamais répondu à cette question. Siemens soutient qu'il contribue au développement du territoire. Mais cela ne répond pas à la question que nous posons - ni à ce que le peuple sahraoui et les réfugiés demandent.
Les éoliennes de Siemens offrent aujourd'hui 95% de l'énergie nécessaire au gouvernement marocain pour exploiter son industrie minière au Sahara Occidental, une industrie largement mise à l'index par les investisseurs internationaux pour violation des fondements de l'éthique. Le secrétaire général de l'association sahraouie locale pour la protection des ressources naturelles au Sahara Occidental purge une peine à perpétuité dans une prison marocaine pour avoir protesté contre ce pillage. Siemens soutient aujourd'hui moralement, financièrement, politiquement, l'occupation marocaine. Sur son site Internet, Siemens affirme même que le Sahara Occidental fait partie du Maroc.
La Cour de justice de l'UE a l'an dernier eu à traiter de la question des opérations de l'UE au Sahara Occidental. Le jugement rendu en décembre est limpide. Le Sahara Occidental est fondamentalement distinct et séparé du Maroc. le Maroc n'a pas le droit de conclure d'accords au Sahara Occidental sans prendre et recevoir l'avis de l'organe représentatif du peuple du Sahara Occidental. Sur la base de cet arrêt, il n'y a pas d'autre façon de qualifier des accords passés avec le gouvernement du Maroc au Sahara Occidental que d'"illégaux".
Il est difficile de le souligner plus clairement. Siemens encourt un véritable risque financier. Ces accords avec le gouvernement marocain sont nuls et non avenus. Pire… Il sont signés avec le mauvais gouvernement .... Nous vous demandons tous ici aujourd'hui d'étudier l'arrêt de la Cour de justice de l'UE. Sans demander le consentement de l'organe représentatif du Sahara Occidental, une société viole les principes fondamentaux du droit.
C'est une question de respect des droits de l'homme et d'un devoir élémentaire de précaution. Il ne suffit pas de Siemens dise qu'il tient compte du respect des droits de l'homme. Il doit le montrer dans la pratique. Au Sahara Occidental, cela signifie que le peuple a le droit de décider de sa propre terre.
Nous avons deux questions à la direction de Siemens :
Tout d'abord, pourquoi Siemens refuse de demander le consentement du peuple du Sahara Occidental?
Deuxièmement, puisque Siemens refuse de demander le consentement du peuple du territoire : comment Siemens aborde maintenant le risque de sanctions juridiques du fait de l'organe représentatif du peuple du Sahara Occidental ?
 

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