Le lancement des appels d'offres est annoncé pour avant la fin de l'année.
Le ministère marocain de l'Equipement et des Transports aurait mis en place un comité chargé de lancer des appels d'offres pour le mégaprojet et de superviser la construction proprement dite.
Le nouveau port de Dakhla fait partie de la stratégie des ports nationaux du Maroc à l'horizon 2030, annoncée en 2010, visant à accroître les performances des ports dans six régions. Dakhla fait partie de la "région méridionale" - la terminologie utilisée par le Maroc pour désigner les parties du Sahara Occidental sous occupation militaire depuis 1975. Les "ports du sud" décrits par le ministère marocain de l'Équipement et des Transports dans leur note de stratégie incluent Tan Tan (au sud du Maroc), Tarfaya (pratiquement à la frontière entre le Maroc et le Sahara Occidental) et El Aaiun, Boujdour et Dakhla - tous trois situés hors des frontières internationalement reconnues du Maroc et dans les parties de la Sahara Occidental que le Maroc maintient sous occupation militaire depuis 1975. Les mots clés utilisés par le ministère pour décrire la vocation des ports du "sud" sont la pêche, la logistique d'exportation, le développement du territoire et les opportunités futures.
La note de stratégie du ministère de l'Equipement et des Transports décrit le port d'El Aaiun comme étant dédié à la pêche, au commerce avec les îles Canaries et à l'exportation de produits de phosphate des mines de Boucraa. L'objectif est d'adapter le port d'El Aaiun à l'augmentation prévue du trafic, liée au potentiel économique de la région en termes de pêche et d'énergies renouvelables, notamment en vue de la création d'unités de production industrielle d'énergie solaire et éolienne. En tant que tel, la plateforme commerciale existante sera étendue. Le port de Boujdour, actuellement utilisé pour le débarquement des captures de petits poissons pélagiques, serait complété de quais pour accueillir des navires frigorifiques en eau de mer (RSW), similaires au port de Dakhla.
Toutefois, les projets des autres ports de l'"axe sud" sont petits en comparaison des projets colossaux de Dakhla, budgétisés à pas moins de 9% du total des investissements prévus dans les 17 projets relevant de la stratégie portuaire nationale. La ville n'accueillera pas un, mais deux ports. Trouvez des images de plans bidimensionnels pour les deux ports ci-dessous.
Western Sahara Resource Watch (WSRW) estime que les projets marocains sont extrêmement inquiétants. "Ces nouveaux ports serviront à enraciner l'occupation et à intensifier le pillage du territoire. Nous exhortons toutes les entreprises internationales à ne pas entreprendre de projets au Sahara Occidental sans le consentement exprès du peuple du territoire", a déclaré Sara Eyckmans, coordinatrice de WSRW, l'observatoire des ressources du Sahara Occidental.
En résumé, le port actuel de Dakhla - situé dans une zone de baie fermée - sera principalement utilisé à l'avenir pour les débarquements de captures de pêche, pour le trafic de passagers à destination des îles Canaries et éventuellement pour des croisières touristiques.
De plus, un tout nouveau port en eau profonde sera construit en dehors de la baie pour répondre aux besoins découlant de la prévision d’exploitation accrue des stocks de petits pélagiques dans la région. Le nouveau port, appelé "Dakhla Atlantique", sera entièrement consacré à la pêche: accueillir le trafic de pêche et toutes les activités commerciales découlant de la valorisation des captures débarquées. Cela inclut les exportations, privilégiant le transport maritime à routier, principalement de produits de la pêche et, dans une moindre mesure, de produits agricoles, a précisé le ministère dans la note de stratégie. En fait, les volumes de production devraient être si importants que des liaisons de transport maritime régulières vers d'autres ports seront mises en place, en plus des liaisons maritimes actuellement opérationnelles vers Agadir et Nouadhibou en Mauritanie pour les navires réfrigérés. Le ministère envisage également la mise en place de terminaux spécialisés en fonction des ressources naturelles exploitées dans la région.
"Dakhla Atlantique" est envisagé potentiellement dans la baie de Cabello ou la baie de Cintra.
WSRW ignore si les travaux de construction ont déjà commencé dans les ports du Sahara Occidental occupé. Plusieurs dragueurs fréquentent le port de Tarfaya, à la frontière, depuis début septembre. Le dragueur Gerardus Mercator (IMO 9119335, pavillion Maurice) est repérée autour du quai des phosphates du port d’El Aaiun. D'autres navires, pratiquement non identifiables, sont au mouillage près des ports d'El Aaiun et de Dakhla depuis des semaines. Juste au nord de Dakhla, un navire de forage battant pavillon français (Josefina, MMSI 227373480) est amarré depuis des mois.
L'ambition d'un méga-port à Dakhla n'est pas nouvelle. Cette aspiration a été mentionnée spécifiquement par le roi du Maroc, Mohamed VI, en novembre 2015, à l'occasion de célébration par le Maroc des 40 ans de la Marche verte, épithète nébuleux pour nommer l'invasion militaire du Sahara Occidental par le Maroc en novembre 1975. Dans son discours, diffusé en direct sur les chaînes de télévision nationales marocaines, le roi avait déclaré son intention de "construire le grand port de Dakhla" et d'intégrer les "provinces du sud" dans "une patrie unifiée et de renforcer l'influence de la région du Sahara en tant que centre économique et un lien crucial entre le Maroc et ses racines africaines ". Le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha El Khalfi, a confirmé que le projet était conforme aux plans de développement du pays pour les "provinces du sud". Le plan est parfois appelé "Plan Marshall pour les provinces du sud" et se composerait de 683 projets pour la période 2016-2023, visant tous à développer économiquement des terres qui n'appartiennent pas au Maroc.
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