Des agriculteurs bloquent un entrepôt d'Azura en France et engagent une action en justice
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La pression s'accentue sur l'accord commercial UE-Maroc : des agriculteurs français ont lancé aujourd'hui des actions en justice et pris d'assaut le point d'entrée d'Azura pour les produits du Sahara Occidental à Perpignan.

26 novembre 2025

Dans une escalade sans précédent de la mobilisation des agriculteurs en France, une soixantaine de membres de la Confédération Paysanne ont pris d'assaut et bloqué ce matin la plateforme logistique d'Azura à Perpignan, perturbant ainsi les opérations à l'un des principaux points d'entrée de l'UE pour les fruits et légumes provenant du Sahara Occidental occupé.

Selon L’Indépendant, les agriculteurs sont entrés de force sur la plateforme logistique de Saint-Charles, interrompant l'activité et exigeant la fin de ce qu'ils qualifient de « concurrence illégale et déloyale » des produits cultivés au Sahara Occidental occupé.

Visée par cette action, la compagnie agroalimentaire franco-marocaine Azura est l'un des plus importants importateurs de fruits et légumes cultivés dans la partie du Sahara Occidental occupée par le Maroc. L'entreprise possède également des exploitations agricoles sur ce territoire occupé et a récemment annoncé un projet d'investissement d'environ 18,5 millions d'euros pour y accroître sa productivité. 

Les agriculteurs français accusent Azura de commercialiser sur le marché de l'UE des produits étiquetés « Maroc », alors que leur origine se situe hors des frontières internationalement reconnues du Maroc.

Dans un communiqué publié aujourd'hui, la Confédération Paysanne dénonce la double injustice de ces importations : elles violent les droits des Sahraouis et pénalisent les agriculteurs européens en matière de concurrence déloyale.

« Ces importations arrivent en France à des prix inférieurs et concurrencent notre propre production en tirant les prix et les règles vers le bas. Les règles sociales et environnementales sont pratiquement inexistantes sur ces territoires », a déclaré le syndicat.

Le communiqué souligne que les multinationales agroalimentaires opérant au Sahara Occidental « pillent les ressources sans aucun bénéfice économique pour le peuple sahraoui ».

Parallèlement au blocus, la Confédération Paysanne a annoncé avoir déposé une plainte au civil contre Azura et sa filiale Maraissa pour fraude fiscale présumée sur les droits d'importation, donnant ainsi une dimension juridique à l'action menée aujourd'hui.

Cette action intervient à un moment critique, alors que les eurodéputés à Bruxelles examinent la nouvelle version de l'accord commercial UE-Maroc, appliquée provisoirement depuis octobre. La Confédération Paysanne a vivement critiqué l'accord, déclarant que :

  • Il inclut le Sahara occidental malgré son statut distinct.
  • Il a été négocié dans l'opacité par la Commission européenne.
  • Il introduit de nouvelles règles d'étiquetage sans fondement juridique, calquées sur les « régions d'origine » autoproclamées du Maroc.


La Confédération Paysanne a réitéré son appel à l'UE pour qu'elle abandonne la logique néfaste du libre-échange au profit de prix minimaux d'entrée (PME/PMDE) aux frontières de l'UE.

De tels outils, affirment-ils, protègent les revenus et la souveraineté des agriculteurs – qu'ils soient européens, marocains ou sahariens – et empêchent que les systèmes commerciaux ne soient exploités comme « instruments de domination » sur les peuples et les territoires.

« Le blocage de l'une des principales plateformes logistiques françaises pour les fruits et légumes envoie un signal clair : les agriculteurs européens refusent de plus en plus de tolérer des importations qu'ils considèrent comme illégales, déloyales ou complices de l'occupation du Sahara Occidental », déclare Sara Eyckmans de Western Sahara Resource Watch.

Alors que des poursuites judiciaires sont en cours, que les eurodéputés sont profondément divisés sur l'accord UE-Maroc et que la Commission européenne fait face à des critiques croissantes concernant sa gestion des règles d'étiquetage du Sahara Occidental, les événements d'aujourd'hui à Perpignan marquent une escalade significative dans une controverse de longue date.

La Confédération Paysanne a annoncé qu'elle déciderait de nouvelles actions, sur le terrain et à Bruxelles.

La Confédération paysanne a annoncé qu’elle décidera de nouvelles actions — sur le terrain et à Bruxelles. Voir également la déclaration sur Twitter/X

L'association espagnole des petits producteurs de tomates, COAG, s'est également fortement mobilisée contre Azura et ses pratiques d'étiquetage, dénonçant ces pratiques auprès des autorités espagnoles de protection des consommateurs.

Le WSRW a publié hier qu'Azura avait apporté un soutien politique sans faille à l'occupation illégale du territoire par le Maroc. 

Paradoxalement, Azura prétend être certifiée IFS Food Standard, censée garantir l'absence de déclarations d'origine frauduleuses. 

 

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