Le gel des pipelines nord-africains pourrait retarder les projets du Maroc d'approvisionner le Sahara Occidental occupé en gaz algérien.
Photo d'illustration ci-dessus : le Gas Cerbeus photographié l'année dernière. Le navire transportait du gaz depuis la Norvège, l'exportateur a ensuite regretté son transport et a promis que cela ne se reproduirait plus. (Photo : Gerolf Drebes)
La nouvelle situation chaotique de l'approvisionnement en gaz de l'Europe pourrait également affecter les plans du Maroc visant à sécuriser l'approvisionnement en gaz du territoire du Sahara Occidental qu'il maintient sous occupation étrangère.
Une feuille de route publiée sur le site Internet du gouvernement marocain suggère qu'il était prévu que le gazoduc algérien qui passe actuellement par le Maroc vers l'Espagne, alimente également en gaz le Sahara Occidental occupé.
L'avis mentionne cette idée dans le cadre des "plans à long terme" pour 2030-2050 de connecter le gazoduc Maghreb-Europe (ou "GME") à "Agadir-Dakhla". Dakhla est la ville la plus au sud du Sahara Occidental.
La construction d'un gazoduc vers Dakhla serait la troisième et dernière étape d'un vaste projet de raccordement du gaz algérien transporté par GME vers les villes plus au sud.
A court terme, le projet marocain était de construire un oléoduc reliant le GME à la ville de Berrechid (via Kénitra et Mohammedia) d'ici 2025. A moyen terme, l'oléoduc aurait été prolongé jusqu'à Agadir (via Jorf Lasfar) d'ici 2030, puis, dans la dernière étape, d'Agadir jusqu'à Dakhla d'ici 2050.
La courte feuille de route d'une page se trouve sur le site du gouvernement marocain [ou à télécharger]. Le plan a été publié en août 2021, quelques mois seulement avant la fin de la coopération algérienne au GME, et avant la crise russo-ukrainienne. La feuille de route était alors évoquée dans les médias marocains.
Le gazoduc qui traverse le territoire marocain entre l'Algérie et l'Espagne a été mis en service en 1996. Cependant, en raison de tensions diplomatiques entre l'Algérie et le Maroc, le contrat d'exploitation de 25 ans n'a pas été renouvelé par l'Algérie à son expiration en octobre 2021. Au lieu de cela, L'Algérie a déplacé sa route d'exportation vers le gazoduc Medgaz qui passe sur le fond marin directement de l'Algérie vers l'Espagne.
En réponse à cela, le gouvernement marocain a été obligé de réfléchir à de nouvelles façons de sécuriser ses propres approvisionnements en gaz. Le gouvernement marocain a annoncé en mars que les vendeurs de GNL (gaz naturel liquéfié) pourraient l'envoyer en Espagne, où il peut être regazéifié, avant d'être envoyé dans le pipeline GME, aujourd'hui inutilisé, à travers le détroit de Gibraltar plein sud vers le Maroc.
Le gouvernement a également annoncé qu'il entrerait sur le marché de l'achat de GNL à partir d'avril 2022 et qu'il entamait les travaux d'adaptation de 4 ports pour recevoir le GNL.
Le 18 avril 2022, le ministre marocain a annoncé que Dakhla pourrait aussi être un futur port de transformation du gaz liquéfié.
Western Sahara Resource Watch a suivi ces dernières années les importations de gaz du Maroc dans le territoire occupé du Sahara Occidental. Le gaz arrive à bord de pétroliers, avec un nouveau navire faisant escale environ une fois par mois. En 2021, environ la moitié du gaz qui était arrivé au Sahara occidental provenait des Pays-Bas et des États-Unis, selon notre surveillance.
Il semble qu'il y ait eu d'importants changements dans provenances de l'approvisionnement en gaz du territoire. Dans le passé, l'énergie était principalement expédiée d'Espagne, mais à partir de 2020, les navires ont commencé à venir de ports d'exportation plus variés.
L'approvisionnement en gaz du Sahara Occidental facilite l'occupation du territoire par le Maroc.
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