La semaine dernière, la multinationale allemande a acquis une autre cimenterie au Sahara Occidental occupé.
Photo ci-dessus: HeidelbergCement contrôlait déjà une cimenterie au Sahara Occidental, l'unité CIMAR à l'extérieur d'El Aaiun, vue sur la photo. Maintenant, ils possèdent une deuxième usine à proximité.
La cimenterie marocaine Cimenteries Marocaines du Sud (CIMSUD), qui exploite une unité de production de ciment près d'El Aaiún au Sahara Occidental occupé, est désormais reprise par la société allemande HeidelbergCement.
Cela ressort clairement d'un communiqué de presse publié le 4 mai 2020 par Ciments du Maroc [ou à télécharger]. Le communiqué de presse explique que l'acquisition a été finalisée le 4 mai 2020, suite à un accord signé avec l'ancien propriétaire Anouar Invest le 26 juillet 2019.
L'acheteur, Ciments du Maroc, est contrôlé à 51% par la multinationale allemande du ciment HeidelbergCement.
L'industrie du ciment est d'une importance fondamentale pour l'occupation marocaine du territoire, y compris la politique de colonisation et les industries clés qui se développent en violation du droit international.
Les médias marocains ont écrit en 2016 que le groupe Anouar avait décider de construire l'usine CIMSUD parce qu'il "souhaite accélérer la réalisation de cette unité afin d’accompagner le développement des régions du sud dans le sillage des nombreux projets d’investissements en infrastructures (complexe OCP, port, technopole, routes, etc.) et logements programmés dans les provinces du sud. La nouvelle unité permettra ainsi de répondre à la demande croissante en ciment au niveau de la région." [ou télécharger]
L'année dernière, la division de la recherche du Bundestag allemand a publié un rapport sur les conséquences juridiques de la politique de colonisation du Maroc au Sahara Occidental, un territoire qu'elle occupe illégalement depuis 1975. Grâce à sa production de ciment, HeidelbergCement est un partenaire clé de l'annexion illégale du Maroc et pratiques de colonisation telles que décrites dans le rapport de la division du Bundestag.
D'après ce que le Western Sahara Resource Watch (WSRW) comprend des articles des médias, la construction de l'usine CIMSUD a connu plusieurs retards. Le CIMSUD "connaît des retards de construction", a rapporté Jeune Afrique le 30 juillet 2019 [ou à télécharger]. "La mise en service était prévue pour juillet 2017, selon la communication du groupe. Selon nos informations, elle ne devrait plus être retardée", a expliqué Jeune Afrique.
Pas plus tard que le 4 mai 2020, le jour même de la reprise d'HeidelbergCement, les médias marocains ne savaient pas si l'usine était terminée ou non. Challenge.ma a déclaré que l'ancien propriétaire Anouar Invest n'avait toujours pas réalisé les deux grands investissements qu'il avait prévus quelques années auparavant - dont l'un était le CIMSUD.
L'usine CIMSUD est ainsi la deuxième unité que le groupe allemand contrôle sur les terrains occupés. Par le biais de Ciments du Maroc, HeidelbergCement possédait déjà l'unité de ciment CIMAR à la périphérie de la ville d'El Aaiun.
WSRW a contacté à plusieurs reprises HeidelbergCement concernant l'opération CIMAR, mais n'a jamais reçu de réponse. La question des opérations de HeidelbergCement sur les terres occupées a été abordée lors de l'AG de l'entreprise en 2019 par une réfugiée sahraouie au nom de la jeunesse sahraouie et de l'ONG allemande "Kritische Aktionärinnen und Aktionäre". Au lieu de répondre à la question, l'entreprise a expliqué qu'elle soutenait les clubs sportifs locaux.
La société présente régulièrement le Sahara Occidental comme faisant partie du Maroc, contrairement aux Nations Unies et aux tribunaux internationaux.
L'usine CIMSUD elle-même a été construite par une autre société allemande, ThyssenKrupp, selon un communiqué de presse du 17 février 2016 [ou télécharger]. Voici une autre version non datée de la construction initiale de l'usine d'Anouar [ou télécharger]
Lorsqu’elle a demandé à HeidelbergCement de lui donner des informations sur le respect des droits de l’homme concernant ses opérations au Sahara Occidental occupé, la sahraouie Khadja Bedati a été informée que la société "organisait délibérément le parrainage social de divers clubs sportifs".
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