17 années d'implication d'une compagnie privée américaine d'exploration du potentiel pétrolier du Sahara Occidental ont pris fin.
La compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy a quitté le Sahara Occidental. Ceci marque la fin de 17 années de présence de grandes entreprises multinationales du secteur pétrolier dans le territoire occupé.
Le retrait a été annoncé sur le site de la compagnie pétrolière nationale marocaine l'ONHYM le 6 février 2018 [ou télécharger]. Il n'y a aucune référence à l'actualité sur le site internet des deux compagnies qui détenaient un permis sur le bloc offshore de Boujdour Maritime.
L'annonce suit de seulement quelques semaines l'information de la fin des opérations de Glencore au large du même territoire. Seules trois compagnies pétrolières mineures sont actuellement engagées dans le cadre de contrats d'exploration pétrolière marocaine au Sahara Occidental : San Leon Energy (Royaume-Uni/Irlande) onshore, New Age (Jersey) et Teredo Oil (Royaume-Uni) offshore.
Western Sahara Resource Watch a été en contact avec Kosmos Energy sur le sujet durant la dernière décennie. Plusieurs investisseurs internationaux ont procédé à la mise sur liste noire de leurs portefeuilles de Kosmos et Cairn en raison de l'irrespect des règles éthiques. Parmi eux, l'un des plus grands actionnaires de Kosmos, le fonds souverain de Norvège en 2016.
"Le Conseil recommande l'exclusion (de Cairn et Kosmos)... en raison d'un risque inacceptable que les entreprises contribuent à de graves violations des règles éthiques fondamentales par leur exploration d'hydrocarbures au large du Sahara Occidental", a déclaré le conseil éthique du grand investisseur.
"Le Conseil est d'avis qu'aucune distinction ne peut être faite entre les activités d'exploration et d'exploitation dans ce contexte", a ajouté le conseil, non convaincu que les opérations se déroulent conformément aux souhaits et intérêts du peuple".
Lisez le rapport d'octobre 2014 de WSRW intitulé "une plate-forme pour un conflit" sur les forages pétroliers de Kosmos Energy.
L'implication des compagnies privées américaines d'exploration a débuté en 2001, l'ONHYM (alors ONAREP) ayant signé un accord avec Kerr-McGee. Sur la base de ce contrat, le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé à son conseiller juridique de donner son avis sur cette implication. Le Conseil a répondu en janvier 2002 que toute exploration pétrolière au Sahara Occidental serait illégale si elle ne tenait pas compte des souhaits de la population du territoire.
Pourtant, sans obtenir le consentement du peuple du Sahara Occidental, Kerr-McGee a procédé à deux séries d'études sismiques. En 2006, après de fortes pressions américaines et internationales, il a quitté le territoire, laissant Kosmos Energy, son partenaire minoritaire, reprendre l'exploitation. Kosmos était entré avec un intérêt mineur en 2004.
Depuis, Kosmos a réalisé plusieurs séries d'études sismiques - la dernière en 2017. Kosmos et Cairn ont fait le premier forage de l'histoire au large du territoire sous 40 ans d'occupation étrangère de 2014 à 2015. Le forage n'a pas donné les résultats espérés.
Les deux compagnies ont partout affirmé que l'exploration pétrolière était légale au "bénéfice de la population" du Sahara Occidental. Kosmos a même construit un site Web dédié www.westernsaharaoil.com. Sur le site de propagande, la conclusion de l'Avis juridique de l'ONU de 2002 était détournée, et déclarait que la légalité de ces opérations devait être en accord avec les "souhaits et les intérêts de la population du territoire". Autrement dit, Kosmos ne tient pas compte des souhaits des Sahraouis et remplace le peuple du territoire par la "population". Le 21 décembre 2016, la Cour de justice de l'UE a fait valoir (paragraphe 106) que l'argumentation sur les bénéfices était dénuée de pertinence.
Sur la base du jugement, le peuple du Sahara Occidental a réussi à retenir des navires participant au pillage.
La déclaration de l'ONHYM du 06 février 2018 explique que "Kosmos Energy ouvre les possibilités de discussions avec l'ONHYM pour un éventuel retour de l'exploration pétrolière au Maroc". Du point de vue de l'ONHYM, cela inclurait le Sahara Occidental. Le texte explique que Kosmos Energy renonçait à la licence pour se concentrer sur ses autres actifs en Afrique de l'Ouest. Il n'y a aucune explication sur les motivations de Cairn.
"Nous nous félicitons de la décision des deux compagnies, qui n'avaient pas le droit de conclure des accords d'exploration avec le gouvernement marocain pour le territoire du Sahara Occidental, compte tenu du manque d'intérêt de Kosmos et Cairn pour respecter les souhaits du Sahara Occidental. Vu leur manque apparent de politiques de droits humains suffisantes, nous attendons des actionnaires qu'ils maintiennent l'exclusion des deux compagnies jusqu'à ce qu'elles garantissent qu'elles ne retourneront pas au Sahara Occidental et qu'elles ont mise en place les bonnes politiques" a déclaré Erik Hagen de Western Sahara Resource Watch.
"Nous appelons les trois compagnies internationales encore actives dans l'industrie pétrolière sur le territoire occupé à se retirer immédiatement", a déclaré à WSRW Emhamed Khadad, membre de la direction du Polisario.
Plus récemment, le 17 janvier 2018, le Comité norvégien de soutien au Sahara Occidental a demandé l'aide du point de contact national de l'OCDE aux États-Unis pour faire que Kosmos Energy cesse de déformer une déclaration de l'OCDE en Norvège, pratique durant depuis 2013.
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