WRSW a demandé à la multinationale allemande Siemens de cesser de fournir des éoliennes et de l'assistance technique pour la construction du parc éolien de Foum el Oued au Sahara Occidental occupé. Le partenaire de Siemens dans ce projet est la Holding Nareva, une société marocaine détenue personnellement par le roi Mohammed VI.
Dans une lettre du 19 juin 2012 à la compagnie, WSRW argumente que la participation de Siemens dans le projet est une question de grande importance qui "touche la question de la participation d’entreprises qui vont enraciner la présence du Maroc au Sahara Occidental, faire durer le conflit sur le territoire et retarder encore davantage l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination. "
Siemens avait alors déclaré à WSRW que le projet "ne viole pas le droit à l'autodétermination ni tout autre droit humain en droit international public".
"Avec la fourniture de technologie à ce projet, Siemens n'a pas l'intention de faire une déclaration politique sur le statut de la région", a écrit l'entreprise à WSRW le 8 mai 2012. La réponse de la compagne fait suite à un courrier antérieur, et non publié, de WSRW à Siemens.
Pourtant, en dépit de ses efforts pour être apolitique, Siemens ne mentionne pas dans ses pages Web que l'emplacement du projet controversé n'est pas au Maroc, mais dans les territoires du Sahara Occidental occupés par le Maroc depuis 1975. Les pages Web de la compagnie allemande constituent donc une déclaration politique forte, au mépris de l'avis de l'ONU et du gouvernement de l'Allemagne, qui ne reconnaissent pas la souveraineté autoproclamée du Maroc sur son voisin du sud.
Siemens déclare que le projet de parc éolien "porte un certain nombre d'effets très positifs concernant la production d'énergie durable ainsi que de développement de la région du Sahara Occidental et sur la situation de la population locale".
Un Project Design Document présenté dans le cadre d'une demande de financement aux Nations Unies par la Holding Nareva présente le projet el Foum Oued dans le cadre d'une intensification de l'exploitation des ressources naturelles du territoire occupé, entraînant une augmentation de l'activité d’entreprises marocaines, soutenues par le gouvernement marocain. Le document indique que le parc éolien doit fournir de l'électricité aux entreprises privées et publiques.
En raison de la politique du gouvernement marocain de créer des incitations économiques pour attirer les Marocains sur le territoire illégalement détenus, l’actuelle «population locale» du Sahara Occidental est de deux Marocains pour un Sahraoui. La marginalisation économique du peuple sahraoui se traduira pour eux dans une proportion encore plus faible si un quelconque bénéfice économique existait. La population sahraouie vivant dans les camps de réfugiés algériens n’en bénéficieront pas du tout.
En mars, dans sa première lettre WSRW a demandé comment une telle offre et appui technique sur le terrain seraient compatible avec l'adhésion de l'entreprise à l'Initiative Globale Compact des Nations Unies, qui demande aux entreprises de soutenir 10 principes dans les domaines des droits de l'homme, du travail, de l'environnement et de la lutte contre la corruption « au sein de leur sphère d'influence».
Siemens n'a pas encore abordé publiquement ces questions de leur interprétation de leur participation à Global Compact.
En janvier de cette année, Siemens AG a annoncé ses plans de fournir le matériel nécessaire et savoir-faire technique à la société marocaine NAREVA pour la construction d'un parc éolien à proximité de El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupé. La holding NAREVA appartiendrait au roi du Maroc, Mohammed VI.