Dans une lettre envoyée à Kosmos aujourd’hui, les plus importantes organisations sahraouies des territoires occupés du Sahara Occidental condamnent fortement les projets de la compagnie de forage pétrolier dans leur pays. Lire la lettre ici.
Publié 15 octobre 2014
Sahara Occidental, le 15 octobre 2014
À l’attention de M Andrew G. Inglis
PDG de Kosmos Energy Ltd
C/O Kosmos Energy LLC
8176 Park Lane
Suite 500
Dallas, Texas 75231
Lettre ouverte à Kosmos Energy Ltd
Nous soussignés, sommes toutes les organisations sahraouies des territoires occupés du Sahara Occidental. Nous tenons à faire connaître notre position sur la présence et les activités de Kosmos Energy dans notre pays qui est actuellement sous occupation marocaine. Nous vous exhortons, Kosmos et votre partenaire Cairn Energy, à annuler vos projets de forage pétrolier dans nos eaux territoriales.
Puisque Kosmos ou Cairn ne cherchent pas à connaître notre opinion sur leurs projets dans notre patrie, mais plutôt ont choisi de parler avec le régime marocain d’occupation et de ne consulter que les groupes et les individus nommés par ce gouvernement, nous ne voyons pas d'autre alternative que d’envoyer cette lettre. Aucun des soussignés n’ont jamais été approché, directement ou indirectement, par Kosmos, Cairn ou le gouvernement marocain pour savoir si l'exploration pétrolière correspond à la volonté de notre peuple. Nous représentons en fait tous les groupes qui soutiennent le droit sahraoui à l'autodétermination à l'intérieur du territoire sous contrôle marocain.
Nous sommes le peuple du Sahara Occidental. Depuis 1975, nous subissons les conséquences de l'invasion et de l'occupation du Maroc d'une grande partie de notre pays. Une partie de notre peuple a dû fuir pendant la guerre. Ils vivent toujours dans des camps de réfugiés dans le désert algérien, survivant d’une aide humanitaire en diminution et souffrant de malnutrition et de mauvaises conditions de vie. Ceux qui sont restés sont maintenant obligés de subir l'oppression et des violations flagrantes de leurs droits humains. Nous, le peuple sahraoui vivant dans le territoire où vous cherchez à exploiter le pétrole, ne sommes pas autorisés à nous organiser, nous ne sommes pas autorisés à exprimer notre culture, nous ne sommes pas autorisés à exprimer nos opinions politiques – le faire ne nous apporteraient que traitements inhumains : enlèvements, coups, viols, tortures, détentions arbitraires, procès inéquitables aboutissant à des peines de prison sans fondement, etc
Certains d'entre nous ont protesté contre les activités de votre entreprise, et d’entreprises comme la vôtre. Au lieu de nous faire entendre, nous avons été battus, arrêtés et mis en prison. L’un de nos collègues purge une peine de prison à vie pour avoir dénoncé l'exploitation illégale de nos terres et de nos eaux par les entreprises comme la vôtre, en collaboration avec le régime qui nous opprime.
En vous rangeant du côté du gouvernement marocain, conduit par vos propres intérêts économiques, vous êtes en train de détruire notre avenir. Nous avons le droit à l'autodétermination, comme l'a déclaré la Cour Internationale de Justice, l’a répété maintes fois l’Organisation des Nations Unies et l’a reconnu toute la communauté internationale. Nous avons le droit de choisir l'avenir politique de notre pays. Cela ressort de notre décision - pas de la vôtre, ni du gouvernement marocain. C'est seulement après que nous aurons fait connaître notre décision, qu’il sera clair pour vous de qui sera votre partenaire en affaires. Pas avant.
Nous ne voulons pas que Kosmos Energy ou Cairn Energy ni toute autre compagnie n’entreprenne de forage pétrolier dans notre pays avant que nous ayons eu la chance d'exercer notre droit à l'autodétermination. Nous vous demandons de soutenir notre droit. Vous avez une chance unique de créer la paix en vous abstenant de forer jusqu'à ce que la voix du peuple sahraoui ait été entendue. Mais si vous décidez d'aller de l'avant, sans respecter nos droits, vous ne ferez qu’aggraver une situation déjà terrible. Nous qui souffrons de la répression marocaine depuis des décennies, nous avons peur que l'avenir de la situation des droits de l'homme soit encore plus critique si vous trouvez du pétrole.
Nous n’avons que faire des projets sociaux que vous promettez, les écoles ou les cours d'anglais. Nous voulons vivre dans un pays dirigé par un gouvernement de notre choix, dans le respect de nos droits humains et de notre culture.
Vos activités ne sont qu’au bénéfice de personnes qui méprisent nos droits : le roi du Maroc, le gouvernement marocain à Rabat et les colons marocains dans notre patrie. Ce n’est pas à notre bénéfice - bien au contraire. Ceux-la nous confisquent tout ce qui nous est important : nos droits, notre avenir, notre voix. Pour le bien de la paix, pour le bien de nos enfants, nous vous demandons ne pas faire de forage pétrolier au Sahara Occidental occupé, jusqu'à ce que notre droit à l'autodétermination ait été mis en pratique. L'avenir de notre peuple en dépend.
Aminatou Haidar, Présidente du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme (CODESA)
Brahim Dahane, Président de l'Association Sahraouie des victimes de sérieux abus des droits de l'homme commis par le Maroc (ASVDH)
El Mami Amar Salem, Président du comité contre la torture au Sahara Occidental
Hamad Hammad, Vice-Président du comité de défense du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental (CODAPSO)
Sultana Khaya, Présidente de l'Association Sahraouie de protection des droits de l'homme et des ressources naturelles
Sidi Ahmed Eddia, Secrétaire général de la Confédération Syndicale des Travailleurs Sahraouis (CSTS)
Lahcen Dahlil, Vice-Président du Comité de protection des ressources naturelles du Sahara Occidental (CSPRON)
Lahbib Salhi, Président de la coordination Gdeim Izik
Fakou Lebeihi, Présidente du comité sahraoui de défense des droits humains à Smara