Kosmos avance des arguments géopolitiques pour opérer au Sahara Occidental occupé, tandis que Cairn Energy refuse de répondre au pourquoi de son activité dans ce qu'ils appellent "le Maroc". WSRW a demandé des éclaircissements au duo.
Le 30 juin 2016, le
plus grand fonds souverain du monde a placé Kosmos Energy et Cairn Energy sur sa liste noire pour leurs activités d’exploitation sur le territoire non autonome du Sahara Occidental sans le consentement approprié des représentants du peuple du territoire. L'exclusion a été publiée avec une analyse approfondie sur le droit international en la matière, précisant que Kosmos n'a pas cherché les bonnes autorisations.
Kosmos a peu après publié une série de lettres et déclarations, exprimant sa déception.
Les lettres sont résumées sur le site Web de Kosmos westernsaharaoil.com.
Parmi les arguments utilisés, le changement géopolitique. Ceci contraste avec la nature «apolitique» que la compagnie affirme avoir depuis 2011, quand elle a après 7 ans de présence, cessé d'appeler le territoire ”les provinces du sud" de "Maroc". Aucun pays au monde ne reconnaît le territoire comme faisant partie du «Maroc», et un avis juridique de l'ONU de 2002 conclut que toute nouvelle exploration pétrolière violerait le droit international.
Le 12 juillet 2016,
WSRW a envoyé à Kosmos Energy une lettre contenant un certain nombre de questions destinées à clarifier ce que signifie l’argumentation par la géopolitique :
• Selon Kosmos Energy, quels sont les développements géopolitiques qui ont eu lieu depuis 2005, qui modifient la compréhension de l'éthique ou de la légalité d'une telle opération au nom du gouvernement marocain dans les eaux côtières du Sahara Occidental ?
• De quelle manière, le cas échéant, Kosmos croit-il que les développements géopolitiques sont pertinents pour la compréhension du droit international applicable à l'affaire du Sahara Occidental?
• De quelle manière, le cas échéant, Kosmos croit-il qu’un tel changement dans la géopolitique a modifié les droits fondamentaux du peuple sahraoui à l'autodétermination, y compris à l'égard de ses terre et ressources ?
• De quelle manière, le cas échéant (à condition que Kosmos accepte le postulat que les Sahraouis ont le droit à l'autodétermination), Kosmos croit-il que ce changement dans la géopolitique a modifié la nécessité pour Kosmos d’obtenir d’abord le consentement du peuple avant la signature d’accords pétroliers sur le territoire ?
• Le commentaire de Kosmos Energy sur la géopolitique nous rappelle une déclaration de William Hayes, vice-président principal de Kosmos Energy aux affaires gouvernementales dans la politique étrangère, le 25 juin 2014 : « nous sommes satisfaits de la base de connaissances que nous avons, nous comprenons la position opposée, et nous pensons honnêtement que nous faisons la bonne chose en étant partenaire du Maroc. [..] Nous encourageons le processus de paix, et que le meilleur parti gagne ». Qu'entend Kosmos Energy par «le meilleur parti», et comment un tel point de vue correspond à l'approche des Nations Unies qu'une solution au conflit doit respecter le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ?
Le 28 Juin 2016, WSRW
a envoyé une lettre à Cairn Energy. Dans la lettre, WSRW pose cinq questions. Dans
sa réponse à WSRW, le 5 juillet 2016, aucune des questions ne trouve de réponse.
Les questions étaient les suivantes :
• À la lumière des références faites par Cairn à l’Avis juridique de l’ONU en 2002, WSRW voudrait savoir comment Cairn voit que cette opinion justifie ou tend à permettre l'exploration pétrolière au Sahara Occidental occupé malgré les protestations continues d’individus, de la société civile et du gouvernement sahraoui.
• À la lumière des mentions par Cairn du ”développement” du Sahara Occidental, et dans le besoin de "création d'emplois" et "les investissements du secteur privé», WSRW voudrait savoir comment la compagnie Cairn estime que ces stratégies et besoins marocains sont en ligne avec les souhaits des Sahraouis et comment des groupes de la société civile sahraouie qui réclament ou militent pour l'autodétermination ont été impliqués dans l'élaboration des stratégies.
• À la lumière de l’affirmation de Cairn que ”Les partenaires se sont engagés à la transparence et au partage des bénéfices et devrait assurer le succès de l’exploration”, WSRW demande comment Cairn et ses investisseurs peuvent être assurés que le peuple sahraoui actuellement sous occupation dans les zones côtières du Sahara Occidental ainsi que les Sahraouis réfugiés en exil vont recevoir des bénéfices. Comment, en d'autres termes, vont-ils en tant que souverains «partager» le développement des ressources et comment Cairn peut savoir si les Sahraouis sont prêts à partager les ressources que la compagnie explore.
• WSRW souhaite recevoir des éclaircissements sur la raison pour laquelle Cairn se réfère systématiquement au Sahara Occidental comme faisant partie du Maroc sur son site Internet, dans les communiqués de presse et dans les rapports annuels,
La correspondance de Cairn à WSRW ne répond à aucune de ces questions. A la place, sont répétés les arguments de la correspondance précédente. La seule chose nouvelle dans le courrier est que Cairn déclare être "signataire du UN Global Company"* (sic).
*NDT : intraduisible. Probablement ”UN Gobal Company” pour ”UN Global Compact” = Pacte mondial de l’ONUVoir aussi la correspondance précédente entre WSRW et Cairn :
Cairn à WSRW,
le 20 avril 2016.
WSRW à Cairn,
le 13 avril 2016.
Cairn à WSRW,
datée du 21 avril 2014, reçu le 26 avril 2016WSRW à Cairn
le 19 fév 2014.