Ravensdown "risque une action directe potentiellement perturbatrice en refusant d'autoriser les travailleurs du port à enregistrer leur protestation contre l'importation de phosphate sanglant du Sahara Occidental", a déclaré le Syndicat du transport ferroviaire et maritime de la Nouvelle-Zélande.
"Ravensdown, l'importateur de phosphate sanglant semble préférer la confrontation au dialogue", est le titre d'une déclaration publiée le 21 novembre 2019, par l'Union des transports ferroviaires et maritimes de Nouvelle-Zélande.
Ravensdown Ltd est l'une des deux coopératives agricoles en Nouvelle-Zélande qui importe du minerai de phosphate du Sahara Occidental occupé - un territoire non autonome du nord-ouest de l'Afrique qui a été envahi et annexé violement par le Maroc en 1975. À ce jour, le Maroc continue d'occuper militairement les trois quarts du territoire, y compris ses réserves de phosphate qui sont exploitées au profit du trésor national marocain. Le peuple sahraoui - vivant dans des camps de réfugiés en Algérie ou sous le joug d'une oppression brutale - n'a pas consenti au commerce du phosphate, contrairement au pré-requis du droit internationalement reconnu à l'autodétermination.
Ce commerce controversé est détaillé dans le rapport annuel P pour Pillage, publié par Western Sahara Resource Watch. La Nouvelle-Zélande est l'un des derniers rares pays à importer le minerai du conflit, après que l'Espagne, la Lituanie, l'Australie, la Colombie, le Venezuela, le Mexique, le Canada, les États-Unis et la Norvège aient stoppé le commerce ces dernières années.
"Selon nos informations, un navire affrété par Ravensdown, le Federal Crimson, transportant une cargaison de phosphate sanglant extrait au Sahara Occidental et importé en Nouvelle-Zélande, devait arriver à Lyttelton à la fin de cette semaine. Nos sources nous disent que le navire est à destination de Napier, puis de Lyttelton", a déclaré John Kerr, organisateur de la RMTU South Island.
"Nous avons eu des contacts de groupes activistes à Christchurch qui disent se préparer à des manifestations potentiellement perturbatrices contre l’importation de Phosphate sanglant au moment de l’arrivée de ce navire. Le mois dernier, le Conseil des syndicats (CTU) a adopté une résolution condamnant l’occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc et appelant le gouvernement néo-zélandais à mettre fin à l’importation de phosphates en provenance de cette région. En tant qu’affilié de la CTU, la RMTU a demandé à Ravensdown, via la direction du port de Lyttelton, d’autoriser ses membres à monter à bord du navire et à remettre une lettre de protestation. Nous pensons qu'une manifestation pacifique et ordonnée de cette manière apaiserait les personnes engagées dans des tactiques plus radicales et perturbatrices. Ravensdown a refusé notre demande ", a déclaré Kerr.
"Nos collègues syndicalistes australiens, la Maritime Union of Australia, ont utilisé cette méthode pour enregistrer des protestations contre les importations de phosphate sanglant. Pour nous, il s’agit d’une façon relativement douce et pragmatique d’exercer un droit démocratique fondamental sans risquer de subir des perturbations indues. Malheureusement, Ravensdown semble préférer la confrontation au dialogue », a-t-il déclaré.
Cette déclaration fait suite aux manifestations constantes de la société civile dans différents ports de Nouvelle-Zélande, appelant Ravensdown et Ballance Agri-Nutrients à mettre un terme à l'importation de "phosphate sanglants".
Pour la onzième année consécutive, Western Sahara Resource Watch publie un aperçu annuel détaillé des entreprises impliquées dans l'achat de phosphates de la zone en conflit du Sahara Occidental occupé.
La pression monte sur les importateurs néo-zélandais de minerai de phosphate du Sahara Occidental occupé. Le 23 juin, à Christchurch des manifestants ont installé des barrages routiers pour empêcher les camions de transporter les minéraux du territoire en conflit jusqu'à l'usine locale d'engrais Ravensdown.
Alors que d'autres entreprises à l'échelle internationale ont réussi à trouver d'autres sources de phosphate - et malgré une demande du gouvernement néo-zélandais de faire la même chose - l'industrie des engrais kiwis ne semble pas disposée à abandonner ses importations en provenance du Sahara Occidental occupé.
Un navire canadien-japonais qui a transporté du phosphate de conflit depuis le Sahara Occidental occupé a hier été accueilli par une flottille de manifestant en Nouvelle-Zélande.