Le gouvernement marocain révèle des projets énergétiques en territoire occupé
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Jusqu'à 81 % de toutes les terres que le gouvernement marocain a allouées à de nouveaux et gigantesques projets de production d''énergies à sources renouvelables, d'hydrogène vert et ammoniac, sont situées en dehors des frontières internationales du Maroc, au Sahara Occidental occupé.

03 novembre 2023

Le gouvernement marocain a révélé des projets massifs d'investissements dans le secteur énergétique au Sahara Occidental occupé. Ces intentions sont apparues dans le projet de loi de finances 2024 du gouvernement marocain [ou télécharger] la semaine dernière.

Une série de rapports ont été publiés pour soutenir les plans décrits dans le projet de loi. L'un de ces rapports, [ou télécharger], précise comment les terres publiques – définies comme « le domaine privé de l'État, dont l'État est propriétaire » – seront utilisées au vu des investissements prévus.

C'est une occurrence des projets du gouvernement marocain visant à créer un pôle d'énergies renouvelables et d'hydrogène vert au Sahara Occidental occupé - qui peut difficilement être décrit comme un territoire appartenant à l'État marocain.

Il est possible que jusqu’à 81 % de toutes les terres que le gouvernement marocain a réservées aux projets de production d’énergie à source renouvelable et d’hydrogène vert ou d’ammoniac soient situées au Sahara Occidental occupé.

Le rapport décrit le territoire à l'aide des régions administratives que les autorités marocaines ont imposées sur le territoire : les régions de « Dakhla-Oued Eddahab » et « Laâyoune-Sakia El Hamra », qui constituent ensemble l'intégralité du Sahara Occidental occupé. "Laâyoune-Sakia El Hamra", s'étend sur la partie nord du Sahara Occidental occupé mais chevauche également la frontière avec le Maroc. Elle comprend donc une petite bande de terre qui est internationalement considérée comme le Maroc. Comme le rapport ne donne pas d'emplacements spécifiques pour les projets mentionnés, il n'est pas possible d'affirmer avec une certitude à 100% que ceux répertoriés pour cette région seront tous mis en œuvre dans ce qui est en réalité le Sahara Occidental.

A « Dakhla-Oued Eddahab », la région correspondant à la moitié sud du territoire, environ 800 000 ha ont été mis à disposition pour accueillir 5 mégaprojets, correspondant à un investissement de 231 milliards de dirhams. La moitié nord du territoire – dénommée « région Laâyoune-Sakia El Hamra » par le gouvernement marocain – accueillera 9 projets sur 371 675 ha, avec une injection financière de 228 milliards de dirhams.

Concrètement, les projets suivants ont été répertoriés par le gouvernement marocain au Sahara Occidental occupé :

  • Dans la moitié sud du territoire (« Dakhla-Oued Eddahab ») :
    • Dahamco SA construira une unité de production d'hydrogène vert et d'ammoniac, sur 553 435 ha ;
    • Falcon construira une unité de production d'hydrogène vert sur 150 446 ha ;
    • TAQA Maroc installera une centrale d'énergie renouvelable pour la production d'hydrogène vert et de produits dérivés (70 000 ha), ainsi qu'un parc éolien de 300 mégawatts (MW) sur 7 940 ha ;
    • Power Sur SARL développera une unité de production d'hydrogène vert sur 15 000 ha de terrain.
  • 8 parcs éoliens sont répertoriés pour « Laâyoune-Sakia El Hamra », qui comprend la moitié nord du territoire et une petite parcelle au sud du Maroc :
    • La société ORNX compte installer un parc éolien et une unité de production d'hydrogène vert à Boujdour sur une superficie de 145 333 ha, et inscrire un projet similaire sur 100 000 ha à El Aaiún. ORNX Boujdour et ORNX Laayoune sont en partie détenus par Acciona SA (conglomérat espagnol qui développe notamment des projets d'énergies renouvelables), Nordex SE (un producteur allemand d'éoliennes) et Ortus Climate Mitigation LLC (développeur d'infrastructures d'énergies renouvelables basé aux États-Unis) ;
    • Le groupe OCP prévoit d'implanter une plateforme d'hydrogène vert sur une superficie de 100 350 ha. L'OCP possède Phosboucraa, qui exploite les réserves de phosphate du Sahara Occidental occupé ;
    • Acwa Power a l'intention de construire deux parcs éoliens sur le territoire, chacun de 100 MW sur un territoire total de 10 341 ha. Acwa a déjà installé deux centrales solaires sur le territoire : la centrale de 85 MW à El Aaiún et la centrale de 20 MW à Boujdour ;
    • Tarouma Wind s'est vu attribuer 4.471 ha pour un parc éolien d'une valeur de 2,5 milliards de dirhams.
    • La société Boujdour Wind Farm va installer un parc éolien de 100 MW sur 3 869 ha ;
    • EEM - la filiale de Nareva, la société énergétique du roi du Maroc - prévoit de construire deux parcs éoliens. Le premier couvrira une superficie de près de 3.000 ha et nécessitera 740 millions de dirhams d'investissement tandis que le second sera installé sur 2.844 ha et nécessitera 1,5 milliard de dirhams.

Huit de ces projets seront développés dans le cadre appellé le « régime conventionné », comme l'explique le rapport : les cinq projets de la région de Dakhla, outre le parc éolien de Boujdour de 100 MW et les deux parcs prévu par l'EEM. Ce système offrirait plusieurs avantages, notamment des exonérations fiscales et douanières, ainsi qu'un soutien de l'État pour les coûts des infrastructures externes, de la formation professionnelle et de l'acquisition de terrains.

WSRW a par le passé tenté d'obtenir des commentaires d'ACWA Power et de Taqa, sans obtenir de réponse. WSRW a écrit à Nordex le 31 octobre 2023. WSRW n'a pas encore contacté les autres sociétés mentionnées dans cet article.

WSRW has in the past tried to get comments from ACWA Power and Taqa, without obtaining any response. WSRW wrote Nordex on 31 October 2023. WSRW has not yet contacted the other companies mentioned in this article. 

Grâce au déploiement de projets énergétiques massifs au Sahara Occidental occupé, le Maroc devient plus connecté économiquement et plus dépendant du territoire qu’il démaintient sous occupation militaire illégale. Il a l'intention d'exporter l'énergie produite sur le territoire vers le Maroc et de vendre tout excédent aux pays voisins, y compris l'UE. En tant que tel, cette évolution diminue encore davantage l'incitation déjà faible du Maroc à s'engager dans le processus de paix de l'ONU, d'autant plus que de nombreux projets au Sahara Occidental occupé font partie du portefeuille d'entreprises appartenant au roi du Maroc ou à son principal dirigeant, le ministre Aziz Akhannouch.

 

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