Les travailleurs sahraouis réclament la possibilité de travailler.
Les travailleurs sahraouis résidants à Assa, une petite ville du sud du Maroc, ont organisé le 30 décembre 2008 une manifestation pour revendiquer les droits du travail et pour dénoncer l'injustice et le racisme que pratiquent constamment les organes politiques, administratifs et policiers du Maroc contre les Sahraouis.
L'organisation de travailleurs sahraouis d’Assa, de création récente, est formée sous forme officieuse, puisque les autorités marocaines empêchent sa formation officielle.
Ces travailleurs, qui sont aussi activistes politiques en lutte pour l'autodétermination des sahraouis, exigent des autorités le respect de la population sahraouie, la dignité, la liberté d'expression et une égalité d'opportunités de travail.
Comme le déclarent les porte-parole des travailleurs, toutes ces questions ont été présentées en octobre dans un document remis aux autorités marocaines et, depuis cette date, ils n'ont obtenu aucune réponse.
Selon les mêmes sources, environ 110 travailleurs sahraouis ont été expulsés de leur travail en novembre 2008 avec comme justification : "il n'y a pas d'argent pour les payer". Cependant, tout désigne que les licenciements découlent de représailles du fait que plusieurs d'entre eux ont participé aux manifestations pacifiques dans les rues d'Assa refusant la condamnation et l'emprisonnement de l'écrivain et journaliste sahraoui Mustafa Abd Dayem, récemment condamné à trois ans de prison.
La ville d'Assa est située au sud du Maroc. Vivent là de nombreux Sahraouis qui soutiennent de droit à l'autodetermination du Sahara Occidental.
Depuis que le Maroc occupe illégalement une grande partie du Sahara Occidental, la population sahraouie a été objet d’une discrimination au travail la plus absolue. Ainsi l’a constatée l'organisation française non gouvernementale France Libertés dans une étude réalisée en 2002 dans les territoires occupés, où est détaillé avec beaucoup de rigueur les changements subis par les travailleurs d'origine sahraouie dans les mines de Bu Craa.
France Libertés a rencontré durant sa mission 200 anciens travailleurs sahraouis de la mine de Bu Craa. Tous ont dénoncé avoir subi différentes violations de leurs droits socio-économiques. À l'égard de ceux qui continuent à travailler dans la compagnie, le rapport mettait en évidence que "les travailleurs sahraouis ont non seulement bénéficié d'une forme dérisoire ou nulle d’une quelconque promotion, mais ont été l’objet de dégradation dans l’échelle du travail, sans aucun type d'avis préalable ni aucune argumentation".
Le résultat, aujourd'hui, 30 ans après, est que les sahraouis sont systématiquement marginalisés de l’intégralité de leur industrie de phosphates (
lire le rapport de France Libertés ici).
Dans une assise qui a commencé à 10 heure et duré plus de deux heures, les travailleurs sahraouis ont dénoncé le manque de liberté d'expression, spécialement pour les sahraouis, la vigilance policière constante et le traitement dégradant envers les Sahraouis. Après la fin de la manifestation un communiqué a été lu :
Aucun malheur ne dure éternellement … mais la honte est de mourir comme des poltrons
Nous, les travailleurs sahraouis de Assa, continuerons la lutte que nous avons initiée, du 9 décembre 2008 jusqu'au 18 décembre 2008. C’est un défi ouvert, mais c’est plus qu'une réponse aux autorités. Nous avons formulé la dernière pétition le 22 décembre, durant tout ce temps la démonstration a été faite du manque de volonté des autorités de résoudre nos justes demandes de syndicat et il est clair qu’il existe un objectif d'activer les mécanismes pour tenter désespérément d’en finir avec nous.
Nos demandes comme travailleurs sahraouis sont faciles de satisfaire.
Nos demandes ne sont autres que notre droit au travail, le respect de notre dignité et de notre existence.
La politique de portes fermées, c'est une politique pratiquée par le régime, c'est la vieille - nouvelle politique que les fonctionnaires du régime ont toujours utilisée, mais ils savent que cela ne conduit qu’aux conséquences inévitables que nous connaissons tous. Les raisons que nous exposons sont de vivre une vie digne. La réalité est dure et la situation est très mauvaise dans diverses sphères de la vie sociale.
Nos exigences comme syndicat ont une base juste. Nous avons le droit de lutter pour ce qui nous correspond, sur la base de la responsabilité que l'on nous a confié de protéger les droits des travailleurs sahraouis.
Nous lutterons pour tous les moyens jusqu'à la satisfaction de nos justes et légitimes demandes. Nos revendications ne sont pas une illusion, le vent va les porter.
Par conséquent, nous déclarons à l'opinion publique ce qui suit :
Notre détermination de continuer la lutte ouverte jusqu'à ce que nos justes demandes soient matérialisées.
Nous condamnons d'une manière énergique la politique des portes fermées (intransigeance) réalisée par les autorités.
Nous condamnons aussi les méthodes injustes qui s'appliquent à différentes couches sociales.
Notre pleine solidarité avec nos frères dans la Bande de Gaza et nous condamnons la grande responsabilité historique des régimes arabes complices avec l'organisme sioniste.
Notre appel à la conscience des masses populaires et aux propriétaires pour défendre la lutte par les droits des Travailleurs sahraouis.
Travailleurs sahraouis,
Assa, 30 décembre 2008.