Les travailleurs marocains de la compagnie nationale marocaine des phosphates, l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), bénéficient de programmes de logement. Leurs collègues sahraouis disent qu'ils n’en bénéficient pas.
Publié 14 avril 2012
Pendant des années, l'OCP a fourni des logements pour ses travailleurs marocains et de leurs familles. Mais il semble que les travailleurs sahraouis, qui vivent sur leurs terres sous occupation, ne bénéficient pas de cet avantage.
Depuis l'invasion du Sahara Occidental par le Maroc en 1975, l'OCP exploite les mines de Fos Boucraa, situées à environ 100 kilomètres de la capitale du Sahara Occidental El Aaiun. Depuis cette prise de contrôle, les travailleurs sahraouis à Fos Boucraa ont été massivement remplacés par des colons marocains, en particulier aux postes à responsabilité. Aujourd'hui, les travailleurs sahraouis eux-mêmes prétendent être une minorité dans l’effectif de la société, ne dépassant pas 200 travailleurs sur un effectif total d'environ 1 700.
Mais selon certains des travailleurs sahraouis, la discrimination ne s'arrête pas là. Lors d'une récente réunion entre les responsables de l'OCP et la société de construction Al Omran, celui-ci a soi-disant accepté de construire des maisons à Agadir et Marrakech pour les employés de l'OCP. Les employés sahraouis ont objecté contre cet avantage discriminatoire en faveur des colons marocains et exigé un logement à El Aaiun ou son équivalent financier, afin de construire des maisons pour eux-mêmes au Sahara Occidental.
Lors d'une réunion entre les représentants de l'OCP et les travailleurs à El Aaiun le 29 février 2012, l'OCP a semblé réticent à discuter du problème, selon les rapports en provenance du territoire occupé. Pour le représentant des travailleurs sahraouis, Mouloud Amidane, ce fut une fois de trop. Fatigué des promesses régulièrement non tenues, il a refusé de quitter la salle de réunion, ce qui a entraîné ses pairs à se joindre à lui dans un sit-in. La direction avait décidé de mettre fin à la réunion ici et maintenant.
Mouloud Amidane est né en 1965 à El Aaiun. Il est employé à l'OCP Phosboucraa, au département de gestion de El Marsa, depuis 1986. Il est membre du syndicat ouvrier marocain UGTM (Union générale des travailleurs au Maroc), et effectue son deuxième mandat consécutif comme représentant des travailleurs. Il est également actuellement membre du comité de dialogue avec l'administration.
Environ une semaine après la réunion litigieuse, le 8 mars, les représentants des salariés ont prétendument accepté de constructions proposées par l’OCP au Maroc au cours d'une réunion à laquelle Amidane n'a pas été invité. Parce qu’on lui a refusé le procès-verbal de cette réunion, la visite du médecin de l'entreprise et que des pressions ont été exercées sur sa famille et ses collègues sahraouis, Mouloud Amidan a mené une grève de la faim du 9 au 14 mars, dans la salle de réunion qu’il n'avait toujours pas quitté.
Le 13 mars, Amidane a reçu l’avis qu'il sera «retirée des contrôles de la société" s'il ne justifie pas son absence sans permission depuis le 1er mars. Une réunion avec le directeur le 27 mars n'a abouti à rien. Deux jours plus tard, un sit-in réclamant le respect des droits des travailleurs et la solidarité avec les syndicalistes a réuni 120 personnes.
Les collègues sahraouis de Amidane affirment que le niveau de sécurité de la compagnie a été augmenté: plus de cent officiers d'une compagnie de sécurité privée et 12 chiens ont été ajoutés à d’équipe de sécurité de l'entreprise.
Depuis sa prise en charge des mines Fos Boucraa au Sahara Occidental en 1975, l'OCP a progressivement mis à pied les sahraouis. Les avantages acquis par les Sahraouis au cours de la période coloniale espagnole ont été annulés. Certains revendiquent toujours le droit de recevoir des prestations de retraite, par exemple, ou d’être traités de manière égale aux travailleurs marocains en termes de grille de salaire et de promotion.
OCP a lancé des programmes de logement depuis les années soixante-dix. Les travailleurs sahraouis disent qu'ils n'ont jamais bénéficié de cet avantage. Ils affirment que 1000 à 1500 travailleurs sahraouis qui ont été salariés de Fos Boucraa peuvent n’avoir jamais reçu d'aide au logement.