Le tribunal militaire de Rabat a condamné 25 militants sahraouis à des peines scandaleusement lourdes. Tous ont été arrêtés en lien avec le camp de protestation de Gdeim Izik, une manifestation pacifique contestant la marginalisation du peuple sahraoui continue dans leur pays occupé.
Après plus d'une semaine d'audiences, le tribunal militaire de Rabat a condamné 25 citoyens sahraouis à des peines effroyablement lourdes, 9 des accusés sont condamnés à la prison à vie, 14 autres ont été condamnés à des peines allant de 20 à 30 ans. Deux ont été condamnés à deux ans.
Certains des détenus sont des militants connus des droits humains et ont dans le passé ouvertement exprimé leur position favorable à l'indépendance. L'un d'eux est Sidahmed Lemjiyed, le Président du Comité Sahraoui pour la protection des ressources naturelles, qui a maintenant été condamné à perpétuité. M. Lemjiyed apparaît comme le troisième à partir de la droite sur la photo ci-dessus.
Dans les jours qui ont précédé le procès, le
Parlement Européen a appelé à la libération des prisonniers politiques sahraouis. Amnesty International avait publié un communiqué sur le jugement
le qualifiant de non avenu.
Les observateurs européens qui ont assisté au procès ont noté de nombreuses anomalies, le delai de détention sans procès au-delà de la limite légale de 12 mois, le jugement de civils par un tribunal militaire, des aveux obtenus sous la torture et signé avec l'empreinte du pouce seulement, etc
WSRW condamne fermement le verdict. «Ce verdict souligne à quel point la critique du Parlement européen au début du mois était bien placée", explique Erik Hagen de Western Sahara Resource Watch. «La communauté internationale doit prendre conscience de l'injustice faite aux Sahraouis qui n’ont rien fait de plus que d’appeler au respect de leurs droits légitimes».
La plupart des militants aujourd'hui condamnés ont été arrêtés sur la toile de fond du camp de Gdeim Izik protestation, un massif rassemblement spontané de milliers de citoyens sahraouis, contre leur discrimination sociale et économique sous l'occupation marocaine, à l'automne 2010.
«On avait espéré que la manifestation des Sahraouis en 2010 aurait ouvert les yeux des gouvernements et sociétés qui prétendent aider le Maroc dans le développement du territoire qu'il occupe illégalement", a déclaré Hagen.
Il a souligné que ces grands défenseurs des droits humains ont par exemple été de francs adversaires de la pêche illégale de l'UE au Sahara Occidental occupé, et que le message répété depuis le camp de protestation était que le pillage du territoire doit cesser.
«Si l'UE entre maintenant dans un nouvel accord de pêche au large du territoire, il serait insultant et méprisant envers ces Sahraouis qui sont désormais condamnés à la prison à vie pour avoir manifesté pacifiquement contre le pillage que même", a déclaré Hagen.
Après quelques semaines, le camp de protestation de 2010 avait été attaqué et brûlé par l'armée marocaine. La majorité des détenus ont été arrêtés dans les jours suivant le démantèlement du camp, au cours d’un période de complet black-out pour les médias, le gouvernement marocain n'a permis ni ONG, ni médias, ni observateurs étrangers, ni même l'ONU sur la scène.