Les réserves d'eau souterraines du Sahara Occidental occupé seraient actuellement surexploitées par le secteur agro-industriel du territoire.
Photo: @ElliLorz
Le 2 avril, journal marocain Lakome a publié un article émettant des doutes sur la longévité des réserves d'eau souterraines de Dakhla, étant donné que les propriétaires de grandes plantations agricoles entourant la ville ont recours à des puits de forage qui menacent les nappes phréatiques souterraines.
L'article revient sur des informations publiées par Western Sahara Resource Watch dans son rapport Etiquette et Responsabilité de l'année dernière, sur le commerce des produits agricoles au Sahara Occidental occupé qui inondent le marché européen. Les ressources en eau non renouvelables dans le territoire occupé par le Maroc pourraient s'avérer vides une fois le conflit résolu.
Lakome a interviewé Elmami Bouseif, président du Conseil régional de Oued Eddahab- Laguera - une vaste région comprenant la partie sud du Sahara Occidental occupé. Bouseif accuse l'agro-industrie autour de la ville de Dakhla de violer les lois régissant l'utilisation des eaux souterraines. Bouseif est cité pour avoir dit «qu'un certain nombre de propriétaires d'exploitations procèdent au forage de puits sans posséder les permis nécessaires. Cela crée une grave menace pour les réserves d'eau souterraines de Dakhla ".
Bouseif affirme avoir soulevé la question le mois dernier devant le ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Fouad Douiri. Ce dernier avait promis d'étudier la question, dit Bouseif, mais rien n'a été entrepris depuis lors.
Interrogé par Lakome, le ministre a nié les allégations de Bouseif concernant des pompages illicites par les propriétaires. Il a ajouté que les Agences de bassins hydrauliques surveillent ces questions, et que d'autres institutions ne doivent pas s'en mêler. Cependant, il n'existe pas de rapports confirmant ses affirmations.
Or, c'est précisément l'Agence hydraulique locale de Dakhla qui a souligné, il y a plus d'un an, que la ville serait confrontée à une grave pénurie d'eau d'ici 2030. Leurs calculs prédisent que 19,9 millions de mètres cubes d'eau additionnels devront être importés vers Dakhla, pour maintenir le niveau actuel de la consommation d'eau. Cela a incité le gouvernement à annoncer une étude sur l'état des réserves d'eau et l'impact agricole sur ces réserves. En même temps dans la région, l'octroi de licences pour de nouvelles activités agricoles serait gelé.
Mais un an plus tard, aucune avancée n'a été faite au niveau de l'évaluation des réserves d'eau à Dakhla. Le ministère avance que l'étendue de la région n'a pas encore permis de présenter des résultats. Cependant des sources proches des exploitants de Dakhla affirment que les propriétaires d'entreprises agricoles exercent de fortes pressions pour maintenir une telle étude sous la table. Le résultat potentiellement négatif les obligerait à cesser leurs activités, causant des pertes de revenu annuel de centaines de millions de dirhams . D'autre part, une réponse positive quant à l'utilisation des réserves d'eau pourrait attirer des concurrents, avec des effets néfastes sur les négociations des propriétaires actuels avec les importateurs étrangers.
Le gisement d'eau fossile non renouvelable de Dakhla est estimé à 142,865 kilomètres carrés. Cette eau souterraine permet une production rentable de tomates et d'autres fruits et légumes. Les plantations s'étendent sur une zone d'environ 700 hectares, inégalement répartis entre les exploitations.
Une source proche des entreprises agricoles de Dakhla a déclaré à Lakome que les techniques utilisées pour la culture des tomates sont fortement consommatrices d'eau. Les plants de tomates ne sont pas mis en terre, mais dans de petits récipients équipés d'un système d'irrigation goutte à goutte, qui utilise beaucoup d'eau. La même source a déclaré au journal que des produits chimiques sont utilisés, ce qui représente une menace supplémentaire pour l'aquifère.
Ce qui choque le plus les gens de la région, c'est le fait que les exploitations agricoles sont exonérées d'impôts, au contraire des établissement au Maroc.
Additionnant affront et préjudice, les exploitations ne semblent pas embaucher leur personnel localement. Mohamed Lamine Hormatallah, un membre du parlement marocain du parti de l'Istiqlal, co-propriétaire d'une ferme à Dakhla avec l'homme d'affaires marocain Mohamed Tazi, confirme à Lakome que les travailleurs engagés sont choisis en dehors de la zone de Dakhla. La production des exploitations est totalement orientée vers l'exportation.
L'article de journal conclut que les habitants sont, en conséquence, perdants à plusieurs niveaux: ni le produit, ni ses revenus ne finissent dans leurs assiettes, alors que leurs jeunes diplômés ne sont pas employés par cette industrie en train de les priver de leur atout le plus précieux : l'eau.
L'étiquetage de ces produits comme étant originaires du Royaume du Maroc au lieu d'être originaires du Sahara Occidental constitue une violation du droit de l'UE, conclut l'avocate générale de la Cour de justice de l'UE.
L'évaluation controversée réalisée par Global Diligence au Sahara Occidental occupé pour un projet qui emploiera des milliers de colons marocains doit être publiée par la société française Engie, exige WSRW dans une lettre.
À travers ses études d'impact, ses relations avec le gouvernement marocain et ses partenaires, ou encore par l'annonce récente de l'arrivée d'éoliennes au Sahara Occidental occupé, Engie a fait preuve d'un mépris total pour l'approche onusienne du conflit.