Alors que les manifestations contre le mépris par le Maroc de droits humains sociaux et économiques des Sahraouis sont devenus informations quotidiennes au Sahara Occidental occupé, des témoins oculaires signalent un siège de la police contre la grève de la faim des diplômés sahraouis.
Des sources sur le terrain déclarent que les forces de sécurité marocaines ont bloqué l'entrée de l'appartement d'El Aaiun où un groupe de plus d'une douzaine de diplômés chômeurs sahraouis mènent une grève de la faim depuis le 12 janvier 2016. Les sympathisants ne sont pas autorisés à entrer dans le bâtiment. En outre, un convoi de véhicules militaires est stationnée près du batiment, et des rumeurs disent que la police prévoit de dégager les grévistes de la faim par la force. Le siège est dit avoir commencé dans les premières heures de lundi matin, 18 janvier.
Depuis des mois, les diplômés chômeurs sahraouis organisent à El Aaiun des manifestations pacifiques contre les pratiques discriminatoires à l'emploi par l'OCP, la compagnie nationale de phosphate du Maroc. Ils exigent l'arrêt de la marginalisation systématique des Sahraouis dans leur propre pays. Le groupe, opérant sous le nom OCP Skills Sahara, appelle au respect du droit au travail, en particulier à propos de l'exploitation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara Occidental. Sans exception, les manifestations, ayant lieu maintenant presque tous les jours, sont attaquées avec violence de la part des forces de sécurité marocaines.
Voir ci-dessous les vidéos de la manifestation d'hier à El Aaiun, la capitale occupée du Sahara occidental.
Ce qui a commencé en manifestations régulières c'est multiplié dans des manifestations quasi quotidiennes, déclenchées par la promesse de l'OCP en novembre dernier de créer 500 nouveaux emplois dans l'usine de phosphate du Sahara Occidental, Phosboucraa. Il est rapidement devenu évident que la plupart de ces nouveaux postes ne seraient pas accessibles aux Sahraouis, et que les critères de qualification leur étaient tout simplement hors de portée. Les Sahraouis vivent aujourd'hui comme une minorité marginalisée dans leur propre pays et, souvent, ne peuvent pas se permettre d'accéder à l'enseignement supérieur. En 40 ans d'occupation, le Maroc n'a pas établi une seule université au Sahara Occidental.
Les Sahraouis déplorent depuis longtemps avoir été systématiquement remplacés par des colons marocains depuis que l'OCP a repris les mines de phosphate suite à l'annexion violente de la plus grande partie du Sahara Occidental par le Maroc.
En octobre dernier, le Comité onusien des droits économiques, sociaux et culturels a déclaré que les Sahraouis sont en effet particulièrement touchés par la pauvreté, et a exprimé sa préoccupation que les droits des Sahraouis à disposer de leurs ressources naturelles n'est toujours pas respecté. En particulier, le Comité a exhorté le Maroc à respecter les droits des Sahraouis à être informés et à donner leur consentement préalable à l'exploitation de leurs ressources.
Les photos ci-dessous ont été prises lors de la manifestation d'hier à El Aaiun. Les manifestants ont scandé des slogans sur les droits humains et le droit de travailler, et ont appelé à une «fin de la politique du Maroc de marginalisation systématique des Sahraouis".
Quelle est la position de l'UE sur l'étiquetage des produits du Sahara Occidental occupé ? La Commission européenne a publié pour la troisième fois une réponse à une question parlementaire sur le sujet, mais la dernière version ne répond pas à la question.
Une clarification de la Commission Européenne sur l'étiquetage des produits du Sahara Occidental a été publiée, puis supprimée, puis publiée à nouveau et a été supprimée à nouveau des sites Internet de l'UE.
Il y a deux semaines, la Commission européenne a annoncé que les produits du Sahara Occidental doivent être étiquetés comme tels, pour retirer cette déclaration dès le lendemain. Aujourd'hui, la Commission réaffirme sa position initiale.
Le 5 février 2020, la Commission européenne a annoncé que les produits du Sahara Occidental devraient être étiquetés en conséquence. Mais environ 24 heures plus tard, toutes les traces de cette déclaration ont été supprimées des sites Web de l'UE.