Une étude de cas sur les réformes politiques du Maroc concernant les énergies renouvelables par une agence des Nations Unies ignore complètement qu'une part importante de la production planifiée du Maroc proviendra du Sahara Occidental occupé, car elle ne parvient même pas à distinguer les deux territoires.
Ci-dessus : une des nombreuses cartes - avec l'aimable autorisation de l'agence nationale marocaine de l'électricité - représentant le Sahara Occidental au Maroc, et incluse dans le rapport de la CESAO sur le secteur des énergies renouvelables au Maroc.WSRW a appelé aujourd'hui la Commission Economique et Sociale des Nations Unies pour l'Asie Occidentale (CESAO) à annuler son "
étude de cas sur les réformes politiques de promotion des énergies renouvelables au Maroc". Le rapport qui n'établit pas de distinction entre le Maroc et le Sahara Occidental va à l'encontre de la position des Nations Unies sur le conflit.
Le rapport ne mentionne nulle part le Sahara Occidental : pas dans la présentation du pays, ni dans les cartes utilisées qui décrivent toutes le Maroc comme incorporant le Sahara Occidental, ni dans le contenu réel. Alors que les objectifs du Maroc en matière d'énergie éolienne et solaire sont décrits, il n'y a aucune référence aux projets éoliens et éoliens du Maroc dans le territoire non autonome - malgré leur importance.
Le rapport se targue du Plan solaire marocain (Noor) et du Programme éolien intégré marocain, mais ne mentionne pas que les deux programmes comprennent la construction d'infrastructures de production d'énergie au Sahara Occidental. Les emplacements exacts des éoliennes ou des équipements solaires sont mentionnés, mais il n'est pas expliqué que ces villes ou zones sont situées en dehors du Maroc. Le plan solaire marocain prévoit la construction de centrales solaires à Sabkhat Tah (près de la capitale du Sahara Occidental, El Aaiun) et à Boujdour. Si elle est achevée, 30% du potentiel solaire généré par le Maroc à travers Noor viendra du Sahara Occidental. Pas moins de 22,75% de l'énergie produite par le programme éolien intégré marocain proviendrait des éoliennes au Sahara Occidental. Cela n'est mentionné nulle part dans le rapport.
Il est à noter que le rapport de la CESAO documente principalement les projets du Maroc en matière d'énergie renouvelable à l'horizon 2020. En tenant compte des projets plus récents du Maroc pour un
parc éolien de 200 MW à Aftissat (déjà en construction) et pour une ferme de 400 MW près de Dakhla, la production totale du Maroc au Sahara Occidental dépasse les 40%.
"Il n'est peut-être pas surprenant que ce rapport embrouille les plans d'énergie verte du Maroc au Sahara Occidental occupé, l'auteur du rapport étant l'ancien Directeur des Energies Renouvelables de l'agence publique marocaine d'électricité ONEE, mais il est déconcertant que le rapport soit passé pour un examen des Nations Unies et a été publié sous l'en-tête de l'ONU", dit Sara Eyckmans de Western Sahara Resource Watch. "Nous demandons à la CESAO d'annuler ce rapport, car une agence de l'ONU ne doit pas s'autoriser à être utilisée pour blanchir la tactique marocaine de marocanisation du Sahara Occidental".
Dans sa lettre à la CESAO, WSRW a fait part de ses inquiétudes sur le fait que le développement du potentiel énergétique du Sahara Occidental au Maroc aura un impact négatif sur les tentatives de l'ONU de négocier une paix juste et durable. Comme la monarchie marocaine contrôle le secteur des énergies renouvelables à travers une série de holdings, et comme tous les parcs éoliens du Sahara Occidental sont dans le portefeuille d'une société détenue par le roi, pourquoi le roi aurait il intérêt à des pourparlers de paix quand il bénéficie personnellement de la présence militaire sur le territoire? La dépendance croissante du Maroc à l'égard du Sahara Occidental pour son approvisionnement en énergie ne présage pas non plus une paix négociée.
Plus d'informations sur les plans d'énergie verte du Maroc au Sahara Occidental occupé peuvent être trouvées dans le rapport de WSRW
"Électrifier le pillage", publié en novembre 2016.