Bitcoins : controverse sur le parc éolien géant au Sahara occupé
Article image

Brookstone Partners, société de capital-investissement basée à New York, devrait construire un parc éolien très controversé de 900 mégawatts à Dakhla, dans le sud du Sahara Occidental occupé.

Publié 14 août 2018

Les nouvelles concernant l'intention de Brookstone Partners de développer la première phase d'un parc éolien de 900 MW à Dakhla ont été annoncées par Bloomberg. L'article cite le potentiel de Dakhla en exploitation de crypto-monnaies et la gestion des données en utilisant de l'énergie propre.

"Nous avons des droits exclusifs sur la zone pour un parc éolien, mais le problème est qu'il n'y a pas vraiment de place pour mettre l'électricité", explique Michael Toporek, directeur général associé de Brookstone. "Ces jours-ci, ce que vous pouvez faire avec une puissance bloquée, c'est de mettre en place un centre informatique, de le développer en tant que projet hors réseau."

Brookstone a fondé la société Soluna Technologies cette année pour développer le parc éolien après avoir acquis les droits de propriété de la société allemande Altus AG. Soluna a annoncé dans un communiqué du 27 juillet qu'il "construisait une infrastructure informatique de type blockchain, alimentée par le vent, au Maroc, afin de proposer une alternative propre et durable à l’approche actuelle d’exploitation de la cryptomonnaie". En lire plus dans la synthèse de Soluna.

Western Sahara Resource Watch craint que Brookstone ait été induit en erreur lors du démarrage de ce projet sur des terres occupées.

"Dans le communiqué de presse de Soluna, le projet est situé dans le mauvais pays. Dakhla n'est pas du tout situé au Maroc. Il est situé sur des terres sous occupation militaire étrangère. Tout accord signé par Brookstone avec le gouvernement marocain pour cette zone est nul est non avenu. La production d'énergie envisagée n'est pas du tout durable, mais renforce plutôt la conviction du Maroc qu'il peut violer le droit international et les droits de l'homme au Sahara Occidental", a déclaré la coordinatrice de WSRW, Sara Eyckmans.

"Ce serait le signe ultime d’un monde devenu fou si nous permettons aux mineurs numériques d’exploiter des terres physiques abandonnées par des réfugiés ayant fui leur pays. Nous appelons Brookstone à soutenir le processus de paix des Nations Unies au Sahara Occidental en ne s'engageant pas dans un projet marocain d'infrastructure dans le territoire occupé ", a déclaré S. Eyckmans.

L’Assemblée générale des Nations Unies, dès 1979, a appelé le Maroc à mettre fin à l’occupation de la région de Dakhla que le Maroc a envahie à l’époque et que l’industrie des bitcoins souhaite maintenant exploiter.

Le 19 juillet, la Cour de justice de l'UE a souligné que le Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc.

On ne sait pas comment l’entreprise allemande Altus AG aurait pu acquérir les droits d’exploitation sur les terres occupées ou les lois de ce pays qu’elle considère y appliquer. Altus AG a été mentionné par Jeune Afrique comme ayant signé un accord avec le gouvernement marocain en 2011.

Selon Bloomberg, le secteur des énergies renouvelables est devenu le moyen privilégié d’exploitation des monnaies dites numériques, comme le bitcoin, après une augmentation des coûts de l’électricité l’année dernière. Bloomberg écrit que la société Brookstone prévoyait de lever 100 millions de dollars en 2018 dans une première offre de pièces destiné construire les 36 premiers mégawatts de turbines. Selon son livre blanc, "ceux-ci alimenteront les centres de minage de bitcoins et de traitement de données qui fonctionnent avec 18 mégawatts d’électricité. La réalisation du projet pourrait coûter jusqu’à 3 milliards de dollars", informe Bloomberg.

Brookstone Partners est présent en Afrique depuis 2009, à travers une entité appelée Brookstone Africa. L'une des sociétés de ce groupe est la société marocaine Platinum Power, avec plusieurs projets éoliens au Maroc et deux projets au Sahara Occidental (à Dakhla et à El Aaiun). Sa direction est composée de plusieurs Marocains, dont Nabil Saimi, qui est non seulement le directeur Afrique de la société Soluna, créée par Brookstone, mais aussi l’ancien directeur de la coopération internationale de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (MASEN) [ou télécharger].

La MASEN est l'agence marocaine qui délivre les licences aux entreprises à la recherche d'opportunités dans le territoire occupé.

Le gouvernement marocain tente de trouver des moyens d'enraciner son occupation illégale du territoire. Depuis 2013, Siemens est le principal acteur du développement d'un secteur des énergies renouvelables au Sahara Occidental.

Mise à jour, 19.04.2019 : en octobre 2018, Soluna a publié une déclaration sur son site web où elle défend ses activités, affirmant que Soluna se trouve "au Maroc".
 

Actualités

Siemens Energy ouvert à d'autres accords controversés

Lors de l’assemblée générale annuelle de l’entreprise du 26 février 2024, le conseil d’administration de Siemens Energy n’a pas exclu de nouveaux projets au Sahara Occidental occupé.

06 mars 2024

Le gouvernement allemand ne financera pas les projets de Siemens Energy au Sahara Occidental

Le gouvernement allemand a précisé que son soutien financier à Siemens Energy comprendra une disposition excluant les projets de l’entreprise au "Sahara Occidental occupé par le Maroc".

06 décembre 2023

Les Compagnies doivent ignorer cet appel d’offres controversé

Les entreprises qui veulent être perçues comme respectant les droits de l'homme de manière responsable ne doivent pas répondre à un appel d'offres important pour le raccordement de la production marocaine illégale d'énergie au Sahara Occidental au réseau du Maroc, prévient WSRW.

28 novembre 2023

Les éoliennes ont échappé au radar attentif de la Compagnie maritime

Un navire sous contrôle norvégien est en train de décharger des éoliennes chinoises dans les îles Canaries. Grieg Maritime affirme que ses protocoles n'ont pas détecté que les éoliennes devaient être installées au Sahara Occidental occupé.

13 octobre 2023