Avec une grande usine d'engrais et un tout nouveau port, le Maroc va ouvrir un nouveau chapitre dans la saga controversée de son pillage du minerai de phosphate au Sahara Occidental occupé.
Demain 6 avril 2022, WSRW publiera son rapport annuel sur le commerce du phosphate du Sahara Occidental occupé, P pour Pillage 2022. Suivez ce site web.
Photo ci-dessus prise en 2021. Ce qui sera très probablement une nouvelle tour de contrôle. La construction est à quelques centaines de mètres de l'emplacement du nouveau port de phosphate, côté nord, aux coordonnées 27°02'21.2"N 13°26'05.3"W.
En 2023, le Maroc prévoit d’avoir achevé un nouveau port et une usine de production d'engrais au Sahara Occidental occupé.
L'investissement comprend un nouveau port abrité, un quai et une grande unité de production pour traiter les phosphates bruts.
« C'est une mauvaise nouvelle pour les principes du droit international. Le Maroc n'a absolument aucun droit d'exporter ces minerais du territoire qu'il maintient sous occupation », a déclaré Morten Nielsen de Western Sahara Resource Watch.
Il y a fondamentalement deux problèmes.
« Avec une nouvelle usine d'engrais, le Maroc sera en mesure d'exporter une gamme plus large de produits phosphatés vers de nouveaux marchés qui n'ont pas encore été entraînés dans le conflit. Cela pourrait avoir des conséquences politiques, sabotant davantage le processus de paix de l'ONU qui vise à assurer l'autodétermination du peuple sahraoui. Deuxièmement, le Maroc pourra désormais tirer davantage de revenus de la mine, en exportant davantage de produits à valeur ajoutée », a déclaré Nilsen soulignant qu'il est profondément problématique que des sociétés d'ingénierie internationales aient aidé le Maroc dans son entreprise illégale et politiquement controversée de pillage des minéraux du peuple sahraoui.
L'objectif global de l'investissement est de diversifier les opérations de Phosboucraa, de l'exportation de matières premières à la production de produits intermédiaires et d'engrais à base de phosphate.
Selon l'entreprise publique marocaine qui gère la mine, l’OCP, l'investissement de 2,2 milliards de dollars prévoit la construction d'une usine chimique d'une capacité de production d'un million de tonnes d'engrais par an. L'installation serait équipée d'une unité de production d'acide sulfurique et phosphorique et d'une unité de granulation. Parallèlement à cela, un nouveau port serait développé, en plus d'une unité de lavage et d'installations de stockage, tandis que de nouvelles méthodes d'extraction seraient introduites sur le site minier lui-même.
Un récent document officiel de l'OCP [ou à télécharger] confirme que les travaux sur le nouveau port de phosphate et la station de lavage sont actuellement en cours. Ceci est également vérifié par des sources locales et des images satellites. L'entreprise indique qu'elle « envisage » de nouvelles capacités de stockage et de manutention, une nouvelle usine de séchage dédiée à l'exportation et réitère l'intention de développer « une unité de production d'engrais entièrement intégrée qui devrait démarrer ses opérations d'ici 2023 avec une capacité d'un million de tonnes ».
En 2020, l’OCP a également signalé avoir déployé un procédé de flottation inversée à Bou Craa pour enrichir le phosphate à faible teneur en phosphore, afin de le rendre économiquement plus viable et exploitable. Cela corrobore les déclarations antérieures de l'OCP selon lesquelles il procédait à l'exploitation des couches plus profondes de la mine à ciel ouvert, qui seraient de moindre qualité.
Parallèlement à l'expansion des opérations de Phosboucraa, un pôle scientifique axé sur le développement des « provinces du sud » baptisé Technopole est également en cours de développement à Foum El Oued sur un terrain de 600 ha.
La principale entreprise impliquée dans la construction du port est Archirodon des Pays-Bas/Grèce. L'entreprise a indiqué que ses travaux pour Phosboucraa se déroulaient au « Maroc », et devaient durer de 2019 à 2023 sur la base d'un contrat d'une valeur de 450 millions de dollars. Archirodon n'a pas répondu aux courriers de WSRW en 2019 et 2022.
En 2016, le roi du Maroc a inauguré une série de projets structurants dans et à proximité du port phosphatier d'El Aaiún, d'où l’OCP n'exporte actuellement que du minerai de phosphate.
Les autres entreprises impliquées dans la construction du nouveau port sont :
Autre implication récente liée au port ou à l'export :
Les exportations illégales de minerai de phosphate du Maroc par le biais d'un tapis roulant controversé auraient été ciblées par ce qu'il semble être une bombe.
Le contrat controversé de Continental au Sahara Occidental occupé est proche de son expiration. S'il est renouvelé, WSRW demande aux propriétaires de porter la question lors de la prochaine Assemblée Générale.
La multinationale qui facilite les exportations controversées de phosphate au Sahara Occidental est critiqué par un groupe d'organisations allemandes.
Lors de la réunion annuelle de la semaine dernière, le président du Conseil de surveillance de la société allemande Continental n'a pas répondu aux questions relatives à l'accord controversé de la société au Sahara Occidental occupé.