Rencontre d’investisseurs espagnols et marocains sur des terres occupées
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Une réunion commerciale hispano-marocaine va commencer aujourd'hui au Sahara Occidental occupé. Il y a controverse.

21 juin 2022

Photo : Des camions marocains et espagnols sont régulièrement dans la ville de Dakhla, exportant illégalement des ressources naturelles hors du Sahara Occidental, sans le consentement du peuple sahraoui. Photo @ellilorz

Aujourd'hui, un forum d'investissement hispano-marocain démarre à Dakhla, une ville située au Sahara Occidental sous occupation militaire marocaine.

Le forum est une initiative du ministère marocain de l'Industrie et du Commerce et du conseil régional de Dakhla-Oued Eddahad, un organe administratif institué par les autorités marocaines dans le territoire occupé.

« Nous condamnons les entreprises et les investisseurs espagnols qui participent à ce forum qui a pour seul objectif de blanchir une occupation illégale », déclare Sylvia Valentin, présidente de Western Sahara Resource Watch (WSRW).

L'Assemblée Générale des Nations Unies a condamné l'occupation marocaine de Dakhla et du Sahara Occidental.

« Les entreprises participantes doivent être conscientes qu'elles ne sont que de petits pions dans un stratagème plus vaste conçu pour profiter à un régime occupant, et non aux entreprises intéressées : il n'existe aucun cadre juridique en place qui puisse être invoqué pour garantir des investissements sur le territoire qui n'ont pas le consentement du peuple souverain du territoire : les Sahraouis », a déclaré S. Valentin.

Le forum d'investissement a été annoncé le 1er juin et fait suite à un courrier du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez Castejón au roi du Maroc, datée du 14 mars de cette année. Dans le courrier, suivant 15 mois de querelles diplomatiques et de tensions entre les deux pays voisins, le Premier ministre espagnol a exprimé son soutien au dit plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental - le Saint Graal de la diplomatie étrangère marocaine. Ce plan particulier n'offre pas d'autre option au peuple du Sahara Occidental que d'accepter une forme encore indéterminée d'autonomie sous souveraineté marocaine. En lui-même, il va à l'encontre du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination - le droit de déterminer librement le statut de la terre, incluant ainsi par ex. l'indépendance comme option, comme l'a reconnu la Cour internationale de Justice et comme l'a répété d'innombrables résolutions de l'ONU.

Il convient de noter que la revendication de souveraineté du Maroc a été réfutée par la Cour internationale de justice. Le Premier ministre espagnol Sanchez a été confronté à une forte réaction politique en Espagne, aucun parti politique n'étant disposé à soutenir son initiative personnelle, à l'exception du sien.

En échange de la capitulation de Sanchez, Rabat aurait promis des concessions à l'Espagne, notamment sur les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Pourtant, trois mois après, rien de tout cela ne semble se matérialiser de manière crédible.

Le journal espagnol El Español a rapporté en mai de cette année que le Maroc avait également offert des opportunités d'investissement au Sahara Occidental en échange de concessions dans les eaux canariennes. Le mont sous-marin Tropic, riche en minéraux, abrité dans ces eaux a été un point de discorde majeur entre l'Espagne et le Maroc. Le mont Tropic, un ancien volcan marin situé à environ 250 miles au sud-ouest des îles Canaries, se trouve à l'ouest du Sahara Occidental - pas du Maroc - et abrite l'une des plus grandes réserves de tellure, en plus d'être considéré comme une réserve stratégique par l'Union Européenne.

Plus précisément, le Maroc aurait proposé des contrats aux entreprises espagnoles d'énergie éolienne, un immense terrain industriel à Dakhla pour faciliter l'exportation des produits de l'Espagne vers l'Afrique, des licences aux entreprises de pêche espagnoles et des contrats d'exploration d'hydrocarbures.

Il est plausible que le forum d'investissement de Dakhla doive être considéré sous cet angle.

Plusieurs entreprises espagnoles sont déjà présentes sur le territoire, au premier rang desquelles Siemens Gamesa, qui travaille en partenariat avec la compagnie d'énergie personnelle du roi du Maroc.

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