L'entreprise française de production d'énergies de sources renouvelables n'inclut plus son parc éolien situé au Sahara Occidental occupé dans ses rapports financiers publics.
Dans les derniers rapports financiers de Voltalia, l'entreprise française de production d'énergie de sources renouvelables, a supprimé la participation qu'elle détenait dans un parc éolien au Sahara Occidental occupé.
Illustration ci-dessus tirée du rapport d'avril 2025 de Voltalia.
En juillet 2020, les médias marocains ont rapporté que Voltalia pourrait lancer le développement d'un parc éolien de 75 MW à Ghrad Jrad, près d'El Aaiún. Une coentreprise appelée « Parc Éolien de Ghrad Jrad SAS » a été créée à cet effet, composée de Voltalia Maroc et de VLT Investment 6 BV, deux filiales de Voltalia SA (France). Le projet est controversé, car il se situe sur le territoire du Sahara Occidental, pays sous occupation militaire de son voisin le Maroc.
L'histoire de Voltalia au Sahara Occidental a débuté avec l'acquisition du développeur marocain d'énergies renouvelables Alterrya Maroc et de sa société associée Alterrya Wind en 2016. Les transactions avec Alterrya ont permis à Voltalia d'acquérir un portefeuille de projets éoliens de 185 MW et de projets solaires de 100 MW, qui, au moment de l'acquisition, étaient encore en phase de conception. WSRW considère le parc éolien de Ghrad Jrad comme faisant partie de ce portefeuille. Voltalia a également acquis une société appelée VMA Sahara en 2016, également basée à El Aaiún.
L'information relative à la participation de 100 % de l'entreprise française dans les trois sociétés Ghrad Jrad, VMA Sahara et Alterrya Maroc a été incluse dans les rapports annuels qu'elle a soumis à l'Autorité des marchés financiers (AMF), organisme public français chargé de la régulation financière, jusqu'en 2024 (pour l'exercice clos le 31 décembre 2023).
Cependant, dans son dernier rapport déposé auprès de l'AMF le 2 avril 2025, Voltalia a omis les références à Ghrad Jrad et à VMA Sahara.
Ce dépôt a été effectué le mois même, peut-être par coïncidence, où les médias marocains ont rapporté que le parc éolien de Ghrad Jrad était sur le point d'être opérationnel. Western Sahara Resource Watch (WSRW) a contacté Voltalia en juin 2025 pour lui demander confirmation de ce qui s'était passé, mais l'entreprise n'a pas répondu.
En n’indiquant pas dans son rapport les deux entités directement liées aux opérations au Sahara Occidental, Voltalia occulte les références les plus explicites de son implication dans des activités dans le territoire occupé.
WSRW ignore la raison de ce changement. Une explication plausible est que les opérations de Voltalia au Sahara Occidental occupé sont désormais gérées par sa filiale, Voltalia Maroc.
Voltalia n'a pas non plus répondu aux courriers de WSRW concernant son projet Ghrad Jrad en 2020 et 2021.
Selon le ministère marocain de la Transition énergétique, le projet problématique comprend la construction d'une ligne électrique de 250 km pour relier le parc au poste haute tension de l'ONEE à El Aaiún [ou télécharger].
Voltalia manifeste un intérêt accru pour les activités commerciales dans la dernière colonie d'Afrique, et a également participé à l'appel d'offres du gouvernement marocain pour une usine de dessalement à Dakhla, attribué à Engie en 2022.
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