Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité de l'ONU, le Secrétaire Général de l'ONU relève les préoccupations concernant l'utilisation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara Occidental.
Mi-octobre, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a présenté son rapport au Secrétaire général de l'ONU sur la situation au Sahara Occidental.
Comme les années précédentes, le rapport a été publié juste avant la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU où une nouvelle résolution est adoptée sur le conflit et pour renouveler le mandat de l'opération MINURSO.
Pour la première fois depuis des années, une phrase relativement forte a été inclus sur l'utilisation des ressources naturelles du territoire.
"Des informations font état de l’exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental sans véritable consultation ni participation des communautés concernées. Selon ces sources, les investissements privilégient souvent des intérêts qui ne répondent pas aux besoins de la population locale sahraouie, exacerbent les disparités économiques et empêchent le développement équitable pour tous les Sahraouis."peut on lire dans le rapport, au paragraphe 77.
Cela contraste avec les rapports précédents qui résumaient les activités commerciales du Maroc de manière relativement positive, comme si le Maroc était en mesure d'être réellement présent sur le territoire.
En 2023, Western Sahara Resource Watch a écrit au Secrétaire général pour demander une référence au pillage du territoire qui tienne compte du fait que le Maroc n'a pas le droit d'y développer des infrastructures, ni d'utiliser ses ressources.
"Nous saluons l'inclusion dans le rapport 2024 du Secrétaire général de l’ONU d'une référence à la confiscation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara Occidental occupé, un élément essentiel de la stratégie du Maroc pour ancrer son occupation. Dans une perspective d’avenir, nous demandons au Secrétaire général de relier plus vigoureusement le pillage à l’impossibilité actuelle de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination, qui reste le principe fondamental du processus de paix de l’ONU", déclare Sara Eyckmans de WSRW.
Il existe également d’autres références intéressantes, notamment le fait que le Polisario a protesté auprès du Secrétaire général contre des "spoliations (par le gouvernement marocain) de terres et de biens dans le territoire situé à l’ouest du mur de sable" (paragraphe 28) et que "le Maroc avait confisqué des terres et des biens appartenant à des civils sahraouis et démoli des maisons" (paragraphe 81).
Il est également indiqué (paragraphe 11) que « au cours de la période considérée, le Maroc a continué à intensifier le développement des infrastructures, des projets d’énergie renouvelable et des activités commerciales à l’ouest du mur de sable".
Une longue section (§ 76) est consacrée au groupe de prisonniers politiques, le groupe dit de Gdeim Izik, arrêtés en 2010 pour avoir organisé une grande manifestation en faveur des droits socio-économiques.
"Les conditions de détention déplorables des prisonniers sahraouis restent un sujet de préoccupation pressant. Les rapports reçus par le HCDH font état d’une surpopulation et d’un accès insuffisant aux soins de santé, à l’éducation et à la formation professionnelle, ainsi que de refus répétés des demandes de transfert des prisonniers vers des établissements plus proches de leur ville d’origine. Les membres du groupe Gdeim Izik ont continué d’être dispersés et détenus dans des prisons en dehors du Sahara occidental, où ils purgent de longues peines d’emprisonnement.
L’isolement continu, les contacts irréguliers avec les membres de leur famille et le traitement discriminatoire de l’administration pénitentiaire auraient des effets néfastes sur la santé physique et mentale des prisonniers. Le Groupe de travail sur la détention arbitraire a estimé que l’emprisonnement de 18 membres du groupe constituait une détention arbitraire. Il a en outre exprimé sa vive préoccupation quant au nombre de cas présumés de détention arbitraire au Sahara occidental et demandé que les détenus soient libérés immédiatement et obtiennent une réparation et une indemnisation adéquates."
Le rapport daté du 1er octobre vient tout juste d’être rendu public. Il ne fait donc aucune mention des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne rendus le 4 octobre. Il est remarquable qu’aucun des rapports du Secrétaire général de l’ONU Guterres au Conseil de sécurité ne fasse référence à l’une quelconque des décisions de la Cour de justice de l’Union européenne sur le Sahara occidental – à l’exception du rapport de l’année dernière. Ce dernier mentionnait l’expiration de l’accord de pêche UE-Maroc à la mi-2023, précisant que l’accord avait déjà été annulé par le Tribunal de l’Union européenne en 2021 car il “ne peut être considéré comme ayant obtenu le consentement du peuple du Sahara occidental”.
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