Dans une lettre adressée au Secrétaire général de l'ONU, WSRW appelle à un rapport plus équilibré et véridique sur le pillage illégal par le Maroc des ressources du Sahara Occidental occupé.
Photo : Nations Unies/Martine Perret. Troupes de la Mission des Nations Unies pour un Référendum au Sahara Occidental (MINURSO).
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, devrait présenter début octobre son rapport sur le Sahara Occidental au Conseil de sécurité de l'ONU. Au vu de ce rapport, Western Sahara Resource Watch (WSRW) a envoyé la semaine dernière une double demande et des questions supplémentaires au bureau de Guterres.
WSRW appelle le SGNU à « accorder l'attention nécessaire » au pillage par le Maroc des ressources du Sahara Occidental dans son prochain rapport, plutôt que de résumer la question par l’habituel « car le Maroc continue de faire des investissements considérables dans des projets d'infrastructure et de développement économique à l'ouest du mur, tandis que le Front Polisario continue de protester contre ces activités ».
« Nous estimons que l'ampleur de l'exploitation et ses conséquences juridiques, politiques et éthiques méritent un compte-rendu plus complet », écrit l'organisation.
De plus, WSRW appelle à la mise en place d'un mécanisme destiné à placer le produit de l'exploitation des ressources naturelles du territoire sous administration internationale jusqu'à ce que le conflit soit résolu conformément au droit international. « Permettre au Maroc de profiter systématiquement de la richesse du territoire biaise non seulement la nécessaire bonne foi des parties aux négociations, mais contribue également à financer l'occupation illégale en cours, tout en privant le peuple sahraoui de ressources pour son utilisation actuelle et future », a écrit WSRW.
Le récent appel des agences humanitaires de l'ONU pour couvrir les besoins les plus pressants des réfugiés sahraouis à Tindouf comprenait des chiffres dramatiques : seulement 12% des réfugiés sont en sécurité alimentaire, tandis que les bénéficiaires du programme de soutien alimentaire ne recevaient que 513 kcal par personne et par jour, ce qui représente moins de la moitié de l'apport quotidien requis pour les adultes. « Nous soutenons que ces besoins pourraient être couverts plusieurs fois par les revenus que le Maroc tire de son exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara Occidental », affirme le courrier de WSRW.
WSRW soulève également deux questions qui méritent d'être clarifiées par le Secrétaire Général de l'ONU. Premièrement, pourquoi l'actuel Secrétaire Général ne fait-il - dans aucun de ses rapports au Conseil de Sécurité – jamais référence à l’une ou l’autre des décisions de justice de l'UE sur le Sahara Occidental, alors que son prédécesseur l'a fait ?
Cela alors que « l'UE - qui n'est pas directement partie au conflit du Sahara Occidental - est de plus en plus confrontée aux conséquences de l'incapacité de l'ONU à résoudre le conflit, et est mise en difficulté de tenter de concilier l'inconciliable : les exigences posées par le droit international et sa propre Cour d'une part, et d'autre part les exigences agressives que lui adresse son voisin du sud, le Maroc, qui n'hésite pas à utiliser la migration et l'anti-terrorisme pour imposer à l’UE sa position intenable sur le Sahara Occidental. Ce n'est pas le type de relation que l'ONU souhaiterait favoriser entre ses États membres, et cela souligne la nécessité pour l'ONU de traiter plus substantiellement la question des ressources du Sahara Occidental.
WSRW apprécierait aussi que le Secrétaire général de l'ONU clarifie la raison de l’insistance, dans les rapports précédents, de la poursuite du trafic commercial dans la région de Guerguerat, alors qu'il s'agit d'un point de discorde majeur entre les parties. Lorsque le Maroc et le Polisario ont conclu l'accord de cessez-le-feu en 1988, il n'y avait pas de point d'échange à Guerguerat. Au fil des ans, malgré la condamnation de l'ONU, le Maroc a développé une route à travers la bande tampon de l'ONU, qu'il utilise maintenant pour transporter des ressources hors du Sahara Occidental occupé. Les Sahraouis organisent régulièrement des manifestations à ce point de passage - pour eux symbolique de l'impunité avec laquelle le Maroc peut continuer à violer leurs droits. Comme l'a fait remarquer le secrétaire Général de l'ONU lui-même dans son rapport de 2019 sur le Sahara Occidental, « l'augmentation du trafic commercial à travers la bande tampon et la croissance des activités civiles destinées à l'entraver créent des tensions dans cette zone sensible ». Néanmoins, il ajoute « j'appelle à ce que le trafic civil et commercial régulier ne soit pas entravé ». Un an plus tard, en novembre 2020, ce sont précisément ces tensions qui sont à l'origine de la rupture du cessez-le-feu et de la reprise des activités armées au Sahara Occidental. Bien que le Secrétaire général de l'ONU n'ait pas réitéré son appel à la poursuite du trafic commercial dans la région dans son rapport sur le Sahara Occidental depuis que le conflit armé a repris, WSRW estime intéressant que soit clarifié son point de vue à ce sujet.
Puisque vous êtes là....
Le travail de WSRW est lu et utilisé plus que jamais. Nous travaillons de manière totalement indépendante et dans une large mesure bénévolement. Notre travail demande du temps, du dévouement et de la rigueur. Nous le faisons parce que nous pensons que c'est important - et nous espérons que vous aussi. Nous recherchons davantage de donateurs mensuels pour soutenir notre travail. Si vous donnez 3 €, 5 €, 8 € par mois… ou ce que vous pouvez – l'avenir de WSRW sera beaucoup plus sûr. Vous pouvez rapidement établir un don mensuel à WSRW en suivant ce lien.
Comment peut-il être mauvais de développer les énergies renouvelables, dans un monde qui a désespérément besoin d'une transition verte ? Au Sahara Occidental, les problèmes sont nombreux.
Préoccupée par les gigaplans du Maroc au Sahara Occidental occupé, la société civile du Sahara Occidental porte plainte lors de la COP28 sur le climat et auprès du rapporteur spécial de l’ONU.
Alors que les dirigeant·es, les entreprises et la société civile du monde entier se réunissent pour des négociations sur le climat à Dubaï, un peuple reste pratiquement non représenté.
La république du Sahara Occidental exprime le souhait d'être incluse dans la gouvernance climatique dirigée par l'ONU.