Le Maroc contre les droits de l'homme pour l’ONU, silence pour l'UE
Alors que le Maroc fait fortement pression contre une proposition de surveillance des droits de l'homme par l'ONU au Sahara Occidental, la commissaire européenne pour la pêche attend toujours la réponse de Rabat à la proposition visant à inclure les garanties relatives aux droits de l'homme pour le territoire du Sahara Occidental dans un nouveau protocole de pêche UE- Maroc.
Publié 18 mai 2013


Dans son rapport au Conseil, le 22 avril, la Commissaire européenne pour la pêche, Maria Damanaki aurait déclaré que les problèmes techniques et de discorde financière entre les parties avaient pratiquement été résolus, mais que des problèmes «de nature politique» persistent. Ce dernier obstacle restant est le Sahara Occidental, et l'insistance de la Commission d’avoir des garanties de Rabat quant au respect des droits de l'homme dans le territoire.

Europa Press écrit que des sources proches de la commissaire ont confirmé que Damanaki est en attente d'une réponse de Rabat sur la proposition de l’UE de protection des droits de l'homme. En outre, les parties n'ont toujours pas fixé de date pour leur prochaine étape de négociations sur cette question.

C'est l'Espagne qui avait demandé à être informé sur les progrès réalisés par la Commission dans les négociations sur la pêche avec le Maroc. L'Espagne a un énorme intérêt pour les stocks de poissons au large du Maroc, du Sahara occidental et la Mauritanie, et en l'absence d’accords de pêche couvrant ces eaux, le secteur espagnol de la pêche assaille son gouvernement comme jamais auparavant. En outre, le Parlement européen prend son temps pour discuter de l'accord de pêche avec la Mauritanie et le rapporteur du Parlement a conseillé de rejeter l'accord.

Les navires qui ont bénéficié des arrangements sur la pêche UE-Maroc étaient majoritairement espagnols. La flotte a dû quitter la région quand le Parlement européen s'est opposé à l'accord en décembre 2011, s'interrogeant sur sa rentabilité économique, la durabilité environnementale et sa légalité parce qu’il inclut les eaux occupés du Sahara Occidental.

Sans surprise, le ministre espagnol de la pêche Arias Cañete a demandé à Maria Damanaki de conclure l'affaire «d'urgence». Le ministre, qui évitait de nommer l'ancienne colonie espagnole, a déclaré à la presse que les questions politiques évoquées par le commissaire concernaient "les avantages pour le peuple» et «les questions liées aux droits humains que certaines délégations, surtout les pays nordiques, ont mis sur la table".

Le mandat de la mission onusienne la MINURSO se termine le 30 avril. Dans son rapport sur la situation au Sahara Occidental, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a appelé pour le renouvellement du mandat, et a déclaré que «compte tenu des rapports continus de violations des droits de l'homme, la nécessité d'une surveillance impartiale, indépendante, complète et durable de la situation des droits humains tant au Sahara Occidental que dans les camps devient de plus en plus pressante ». Ban Ki-moon a également exprimé sa préoccupation sur la condamnation des civils sahraouis dans les tribunaux militaires marocains. Certains de ces militants ont été des adversaires déclarés de la pêche européenne au Sahara Occidental, et ont été en février condamnés à des peines de prison à perpétuité.

Peu de temps après le rapport de Ban Ki-Moon, les Etats-Unis ont annoncé qu'il allait proposer que la MINURSO surveille les droits de l'homme sur l'ensemble de la zone de conflit, dans les trois quarts du Sahara Occidental occupé par le Maroc, dans les zones contrôlées par le Front Polisario et les camps de réfugiés sahraouis en Algérie.

Maroc - avec le soutien de l'Espagne – a fait pression pour empêcher que le Conseil de sécurité introduise la surveillance des droits humains dans le mandat de l'opération de paix de l'ONU dans le territoire.

Les derniers contacts officiels entre Bruxelles et Rabat remontent à début février.

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