Enel aurait-il abandonné l'un de ses projets controversés au Sahara Occidental occupé ?

Le projet Tiskrad, un parc éolien de 100 MW situé près d'El Aaiún, faisait partie du Programme éolien intégré marocain de 850 MW, un contrat global attribué en 2015 à Enel Green Power, Siemens Wind Power et Nareva, la société de production d’énergie appartenant à la holding royale marocaine. Deux des cinq parcs éoliens de ce contrat devaient être construits au Sahara Occidental : Boujdour, qui est désormais un parc éolien opérationnel de 300 MW, et Tiskrad.

Les projets d'infrastructures de grande envergure du Maroc au Sahara Occidental sont très controversés, car le Maroc viole le droit international en menant de tels programmes.

Des communiqués de presse, toujours disponibles sur le site web d'Enel, indiquent que le projet Tiskrad est situé au Maroc, suggérant qu'Enel estime que le Sahara Occidental fait légalement partie du Maroc. Cette position contredit les avis de la Cour internationale de justice, de la Cour européenne de justice, de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples et des Nations Unies, qui affirment tous que le Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc.

Pourtant, on est sans nouvelles de Tiskrad depuis des années.

Contactée par WSRW en septembre 2025 au sujet de l'état d'avancement du projet Tiskrad, Enel a répondu ne pas fournir d'informations confidentielles sur les projets.

L'entreprise a également déclaré à WSRW ne pas prendre position sur les questions liées à la situation politique locale et/ou internationale.

Le parc éolien de Tiskrad est absent du site web d’Enel à la page qui présente officiellement ses opérations au « Maroc » et répertorie les centrales opérationnelles et en construction. Ce projet est également absent du rapport annuel intégré 2025 de l'entreprise, qui comprend une page et demie consacrée à la ferme de Boujdour, également située en territoire occupé. La dernière mention de Tiskrad dans le rapport officiel d'Enel figurait dans son rapport de développement durable 2021, qui indiquait qu'une « analyse préliminaire du contexte social, économique et environnemental » avait été réalisée et qu'une évaluation d'impact environnemental et social serait réalisée ultérieurement.

Le projet est présumé rester au stade de l'autorisation, mais en 2025, Global Energy Monitor et Watts Up Africa suggèrent qu'il pourrait avoir été abandonné. Global Energy Monitor définit « abandonné » comme suit : « La suspension de l'exploitation a été annoncée. Le statut est marqué comme « abandonné – à déterminer dans 2 ans » si aucun progrès n'a été observé pendant au moins deux ans. »

Pour la réalisation du parc éolien de Boujdour, Nareva Enel Green Power Morocco (NEGPM), une joint-venture entre Enel Green Power Morocco, filiale à 100 % d'Enel, et Nareva, s'est associée à l'ONEE, la compagnie nationale d'électricité du Maroc.

Siemens Energy, fournisseur de turbines pour le contrat global de parc éolien de 850 MW incluant Tiskrad, a déclaré lors de son assemblée générale annuelle de février 2025 que le projet Tiskrad « inclut des options d'extension pour trois parcs éoliens existants, dont deux situés au Maroc et un au Sahara Occidental. Le client n'a encore exercé aucune de ces options, le statut du projet reste donc inchangé.»

Outre son absence de réponse sur l'avancement du projet Tiskrad, Enel n’a également, au fil des ans, pas répondu à plusieurs autres questions de WSRW concernant ses activités sur le territoire illégalement occupé.

Voir les courriers précédents de WSRW des 03/07/2013, 27/09/2016, 11/10/2016, 02/06/2020 et 03/09/2021, ainsi que les réponses d'Enel des 10/10/2016, 30/06/2020 et 13/09/2021.

Vous disposez d'informations sur le projet éolien de Tiskrad ? Veuillez contacter WSRW à l'adresse info@wsrw.org, en toute confidentialité.

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