Le COAG, l'organisation représentative du secteur agricole espagnol, a déclaré que le Maroc s'employait à accroître les exportations de produits agricoles du Sahara Occidental occupé vers l'Union européenne.
Ci-dessus : des plantations de tomates à Dakhla, au Sahara Occidental occupé, sont maintenant expédiées vers l'Union européenne. Photo: APSO.
L'association de producteurs espagnols COAG (Organisations de producteurs agricoles et éleveurs) a publié un communiqué de presse indiquant que le Maroc renforçait son système logistique afin d'accroître les exportations agricoles du Sahara Occidental occupé vers le marché de l'UE à travers l'ouverture d'une nouvelle ligne maritime entre les plantations sur le territoire vers les ports marocains et espagnols.
Plus précisément, la nouvelle route relie Dakhla - la région côtière du Sahara Occidental abritant des plantations agricoles marocaines - aux ports marocains Agadir, Casablanca et Tanger, et au port espagnol d’Algésiras. La route est exploitée par la compagnie maritime française CMA CGM.
Western Sahara Resource Watch (WSRW) et son partenaire français APSO ont écrit deux fois à CMA CGM. La première lettre a été envoyée le 14 janvier 2019, à la suite de l'annonce de la compagnie qui annonçait l'exploitation des conteneurs réfrigérés pour produits frais, fruits et légumes, à partir des villes d'El Aaiun et de Dakhla, toutes deux situées dans le Sahara Occidental occupé. Une deuxième lettre a été envoyée le 1er mars de cette année, après l'info par les médias marocains de la relance de la voie maritime de CMA CGM pour les produits de la pêche prévue pour juin 2019. La société n'a jamais répondu.
WSRW a surveillé le passage du cargo CMA CGM Agadir à Dakhla. Le navire est arrivé à Dakhla le 18 août 2019 et en est parti deux jours plus tard, le 20 août 2019, après avoir chargé. Le navire a navigué sous pavillon portugais jusqu'au 25 août 2019, avant de passer sous pavillon marocain. Selon le COAG, le CMA CGM Agadir a fait quelques escales dans les ports marocains avant de se rendre à Algésiras en Espagne, où il est arrivé le 29 août. Un autre cargo, le CMA CGM Tanger, se dirige actuellement vers Dakhla.
Le communiqué de presse du COAG fait état de "préoccupations concernant l'augmentation du volume de productions marocaines importées du Sahara Occidental. Elles causent de graves dommages aux producteurs espagnols, car ces volumes se chevauchent avec nos calendriers de production et sont destinés aux mêmes marchés".
"Ils [les exportations, sic] exercent une concurrence déloyale compte tenu de leurs coûts moins élevés fondés sur des réglementations très permissives sur les aspects conditions de travail, couverture sociale et salaires des travailleurs, sur l'application de réglementations phytosanitaires, de sécurité et de qualité des aliments, etc. En outre, il s’agit également de consommateurs européens, qui ne sont pas respectés, car ils ne disposeront pas d’informations fiables sur l’origine de ces fruits et légumes importés ", a déclaré le responsable des fruits et légumes du COAG, Andrés Góngora. L’organisation demande à l’Union Européenne de mettre en place des contrôles stricts aux frontières sur les produits agricoles au Sahara Occidental et vendu comme s’ils venaient du Maroc, sans les précisions correspondantes dans l’étiquetage" ajoute Andrès Góngora.
Plus tôt cette année, l’Union européenne a conclu un accord révisé avec le Maroc, qui étend les avantages accordés aux produits provenant du Maroc à ceux venant de la partie du Sahara Occidental que le Maroc occupe depuis 1975. La révision visait à tenir compte de la décision de la Cour de justice de l'Union européenne en décembre 2016, annulant l'application de l'accord commercial UE-Maroc au Sahara Occidental, qui est un territoire "séparé et distinct" sur lequel le Maroc n'a ni souveraineté ni mandat administratif. En outre, la Cour a souligné que le peuple du territoire a le droit de disposer d'eux-mêmes et donc que leur consentement pour tout accord concernant leur terre. Le peuple du Sahara occidental n'a jamais consenti à l'inclusion de leur pays dans les relations commerciales de l'UE avec le Maroc. Bien au contraire, ils ont toujours protesté contre cela.
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